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20 mai 2020

Regards sur la linguistique (1970) de Eric Rohmer

La linguistique et l'enseignement du français

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Rohmer filme trois linguistes et deux profs du secondaire qui discourent notamment sur l'utilité de la grammaire en classe... Attention, on est dans le domaine de prédilection de votre serviteur qui scrute d'un œil attentif tout ce qui se dit... Dieu de dieu que c'est pénible. L'une des linguistes, Jeanne Martinet, qui s'improvise animatrice pose des questions de trois minutes où elle semble débattre avec elle-même du bien-fondé de ses propres questions ; elle reformule dix fois la question sans être capable de lui donner une forme simple et compréhensible. Les thèmes débattus pourrait être intéressants (l'utilisation du métalangage (la "nomenclature"...), la différence entre oral et écrit, les homophones...) mais la donzelle tortille tellement autour du pot que les pauvres intervenants ne peuvent lâcher ensuite que des réponses d'une platitude terrible. Sans exemple précis (les exemples pris sont grossiers ou stéréotypés), sans études pêchues, sans axe, la discussion se vautre autour d'idées rabattus sur l'apprentissage de la grammaire ou la différence entre le langage oral et les textes littéraires. L'animatrice pose des questions alambiquées sans que l'on sache vraiment où elle veut en venir ; il est pourtant question au départ d'handicaps socio-culturels, de milieux privilégiés et non-privilégiés - domaines pas inintéressants en 1970 ; mais sans définition précise des diverses notions, sans énonciations de cas concrets et sans réflexion pédagogique préalable, chacun des intervenants s'enlise dans des réponses fumeuses et brouillonnes. Bref, une discutaillerie sur un thème intéressant qui accouche d'une souris. Rêche.  

L'enfant apprend sa langue

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Deuxième fournée rohmérienne de réflexion sur la langue. Trois temps ici : 1) des linguistes qui n'ont pas franchement l'air d'accord avec la façon dont s'y prennent les profs pour enseigner la langue en classe (sans que l'on sache clairement pourquoi d'ailleurs) ; 2) une prof face à ses élèves : les élèves évoquent à l'oral et à l'écrit deux illustrations d'une fable de la Fontaine (L'homme et le serpent) - la prof parle beaucoup, finit les phrases à la place des élèves, les dirige toujours dans la direction qu'elle veut (et j'arrête là tant l'on est super fort à voir les défauts des autres...) ; 3) deux linguistes exposent leur théorie de façon cette fois-ci un peu plus concrète après la vision de cette classe : l'enfant, dit Jeanne Martinet, apprend la langue grâce à un bain linguistique (ouais, merci) : le rôle du prof serait de faire réfléchir l'élève sur ce qu'il a appris de façon inconsciente, un processus qui se ferait en favorisant la discussion entre élèves. Ouais, favoriser l'interaction entre les élèves, oui, après 1) difficile de le faire réfléchir sur certains aspects s'il n'a pas le métalangage adéquate (c'est pas lui le spécialiste de la question...) 2) comment et pourquoi ? Est-ce vraiment cela qui va l'aider à progresser, à améliorer sa syntaxe ou son voc ? Je reste sceptique. Mais bon ne soyons pas critique par excès ; même si les linguistes se placent d'entrée dans une position supérieure (et donc facile) face au prof, il y a derrière cette mini-émission un désir de réfléchir à l'enseignement du français, en partant cette fois-ci d'un exemple concret. Jeanne Martinet nous énerve encore par sa posture et son maniérisme mais le concept d’une telle émission partait d'un bon sentiment... C’est déjà ça, dit-il cinquante ans après.

Commentaires
A
Un jour peut-être évaluera-t-on tout le mal qu'ont justement fait tous ces universitaires qui se sont saisis dans les années 60 du pouvoir administratif pour imposer aux instits et autres profs de base une conception abstraite et inadaptée de l'enseignement (" maths modernes et autres linguistiques génératives") qui aurait dû rester dans les universités. Il suffit de parcourir les forums où s'expriment des gens qui ont tous fait au minimum dix ans de scolarité pour comprendre le désastre, sans compter l'invraisemblable galimatias pédagogique qui nous vient de cette époque. J'ai l'impression que ce film montre tout ça fort bien. <br /> <br /> Mais cela n'arrivera pas car ce sont toujours eux et les héritiers qu'ils ont sélectionnés et formés qui tiennent le pouvoir décisionnel.
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