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20 mai 2020

Étrange Séduction (The Comfort of Strangers) (1990) de Paul Schrader

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On sent dès le générique d'ouverture qu'il y a du potentiel dans cette "trouble" histoire d'amour annoncé par le titre français : Ian McEwan et Harold Pinter du côté de l'écriture, Angelo Badalamenti au score musical, Venise magnifiée en décor principal, Walken et Mirren en trouble-fête... On se dit, tiens, peut-être une pépite du début des années 90 passée totalement inaperçu en son temps et que la collection Criterion viendra sauver de l'oubli... Disons simplement en introduction qu'il y avait là du potentiel mais que certains films, qui se croient surement sur le papier par trop malin, ne finissent que par laisser une impression d'une simple couche cinématographique ripolinée... Soit donc un jeune couple (pas encore marié, elle a deux enfants d'un précédent mariage) en vacances à Venise : Ruppert Everett (j'ai les mêmes abdos depuis le confinement) et Natasha Richardson ("beauté" froide) se baladent le long des canaux : tout est beau mais c'est un peu la chienlit. Ils font semblant de s'aimer, d'être bien, mais on sent qu'il manque un truc... la passion, le sexe, l'envie, que sais-je... Et puis un soir ils vont croiser les pas de Christopher Walken : il les invite dans un bar, leur raconte le trauma de sa vie, puis les convie chez lui le lendemain ; ils y feront la connaissance de sa femme (Mirren) personnage tout autant "mystérieux" que son mari... Plusieurs petits incidents et bizarreries se passeront au cours de la soirée... Seulement voilà, cette parenthèse auprès de ce couple qui semble cacher de lourds secrets, pour ne pas dire qui respire quelque chose de pervers, va totalement booster les jeunes amants sans âmes jusque-là : Everett et Richardson s'enferment plusieurs jours dans leur chambre d'hôtel et c'est tagada-tsointsoin ! Comme quoi, il suffisait sans doute d'un peu de piments pour libérer leur libido... Seulement voilà, comme tout bon piment, il n'est pas rare, dès le lendemain, de devoir payer ce petit plaisir de sa personne : la prochaine rencontre entre les deux couples risquent en effet d'être plus explosive...

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On voit bien le fond de l'histoire. Même si Schrader n'est pas Kubrick (eheh, pardon, c'est plus fort que moi ce matin), on sent tout le potentiel de trouble, de perversité dans cette histoire qui tente de trouver le cocktail miracle entre atmosphère malsaine, sexualité débridée, manipulation et jalousie. Le seul petit problème de la chose, c'est que tout se passe trop vite pour qu'on y croie vraiment. Oui, Venise est bien jolie, de jour comme de nuit, oui la musique de Badalamenti ne manque pas de souffle, de sensualité, oui Walken... ah ben, oui, déjà, voilà, le disque commence à s'enrayer : la présence de Walken dans une histoire ? J'espère qu'il n'est pas en charge du personnage torve et inquiétant !!! Ah merde, si, en plein dedans : les cheveux dressés sur la tête, le regard inquisiteur, la voix faussement suave... Ah non putain, pas encore... Mais c'est pas tout : le petit déclic qui se joue dans le couple (on s'observait de loin, froidement, faisant lit à part ; on baise maintenant comme des bêtes, tu es le plus beau, tu es la plus bonne), on y assiste sans vraiment comprendre toute la logique de la chose. Ouais, ce couple troublant a boosté nos deux jeunes amants. Ok. Mais la ficelle scénaristique est tellement grosse et amenée si lourdement qu'on regarde ce couple métamorphosé sans trop y croire. Tout est trop artificiel, trop lisse... Le dénouement arrive dans le dernier quart d'heure (jusque-là, on ne peut pas vraiment dire qu'on avait vibré) et on s'attend à son petit lot de révélations et de surprises. Le twist, quoi. Grossièrement amené, tiré par les cheveux, il laissera là encore relativement dubitatif, comme si les personnages (en particulier ceux interprétés par Walken et Mirren) étaient d'un bloc, sans âmes, plus des idées scénaristiques que des êtres de chair. Un concept sur le papier loin d'être inintéressant, quelques aspects artistiques soignés, mais un résultat qui laisse franchement de marbre. Voir Venise et partir, vite. 

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