La Folie du Docteur Tube (1915) de Abel Gance
Et Abel Gance découvrit et exploita le miroir déformant au cinoche. Voilà un petit incunable de la Cinémathèque Française qui fait plaisir à découvrir mais qui ne va pas révolutionner le monde des effets spéciaux. Tube est un savant avec une tête de savant (comme Blanquer, l'excroissance crânienne comprise) ; dans son labo, avec son petit assistant black très rigolard, il ne fait que des boulettes ; il met ainsi au point une poudre qui te rend tout de traviole (tu mets tes acteurs devant un miroir déformant et hop, tu filmes ce qui se passe – simple comme bonjour) : tout le monde y passe, lui, son assistant, le chien, le chat noir, ses deux nièces et leur petit copain respectif. Tout le monde se dandine dans cet espace réduit, tout surpris de voir son corps ne plus avoir aucune proportion : cela fait parfois de jolies formes, d'autres fois l'image est tellement déformée qu'on ne voit plus grand-chose - un genre d'effet spéciaux abstrait qui n’est pas franchement super maîtrisé... Albert Dieudonné incarne ce Docteur Tube maboule en roulant les yeux et en faisant toutes sortes de grimace de circonstances ; imbu de lui-même, il donne l'impression d'avoir inventé la chloroquine alors que sa poudre n'a en fait que des effets merdiques. Bon, un petit Gance de plus dans l'escarcelle, c'est toujours ça, le gars n'ayant guère été chroniqué jusque-là dans ces colonnes... La roue tournera.