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3 mai 2020

Les deux Bienheureux (De Två saliga) (1986) de Ingmar Bergman

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Une oeuvre pour le moins teintée au noir par l'ami Bergman pas vraiment dans une phase de joie brute. L'amour peut-il tout conquérir ? A voir nos "bienheureux", on a juste l'impression que c'est surtout la parano qui est plus fort que tout... Viveka et Sune se rencontrent sur le tard, dans une église. Après sept ans de mariage, on sent déjà quelques failles, pour ne pas dire quelques fêlures, dans le mental de cette chère Viveka : jalouse d'une façon absurde, cette femme d'une cinquantaine d'années ne semble pas vraiment non plus taillée pour le bonheur - il n'y a qu'à voir comment elle envoie bouler son mari tout content de fêter son anniversaire, puis sa propre sœur qui venait gentiment lui offrir des fleurs... On se dit, ben dis donc, le Sune, il n'est pas tombé sur une bien commode (de commode, justement, il sera question plus tard). Avec le temps, la parano empire chez Viveka : si sa jalousie est toujours exacerbée (elle soupçonne son mari de coucher avec sa sœur), elle devient surtout de plus en plus zinzin - "on" balancerait de l'arsenic dans sa bouffe à travers le plafond... Les voisins, le diable, les autres ? Qu'à cela ne tienne, il suffit de suspendre un parapluie au-dessus de la table pour empêcher tout empoisonnement. On pense que ce pauvre Sune, est juste blasé, déconfit, abasourdi et attend simplement des jours meilleurs - quand sa femme enlève les tiroirs de la commode (on y vient) pour qu'ils puissent manger à l'intérieur, on pense qu'il va se rebeller ; eh bien non, il suit, et il semblerait bien que doucettement, il suivent gentiment la pente de la déréliction au côté de son aimée - ne pas contredire sa moitié, c'est une chose, c'est presque une preuve d'amour, mais quand elle sombre dans la folie, c'est un peu comme crever la bouée... Elle sera internée et notre pauvre Sune boira la coupe de cette folie jusqu'à la lie...

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Alors "bienheureux" ? Oui, sans doute, dans le sens d'illuminés - mais ils n'ont pas l'air super heureux, nos deux partenaires, avec chacun leur lunette noire pour se protéger du malin (l'amour est aveugle, certes, mais la connerie aussi, si on veut aller par-là). Bergman filme ses deux personnages dans des intérieurs sombres, dépressifs mais cette folie est tellement prégnante qu'elle en deviendrait presque tristement drôle (ce parapluie pendu au-dessus de la table, quand même - en plus, il faut être sacrément bricoleur...). Ces deux amants, tenus par l'amour (elle ne cesse de répéter que tant qu'il l'aime, il ne viendront pas la "prendre"), sombrent ensemble ; alors qu'on pensait au départ que le Sune se battrait corps et âme pour sauver cette femme guère jouasse, il lâche l'affaire et se fait entraîner par les délires de son épouse. C'est à la fois touchant, cette foi l'un envers l'autre, et d'une tristesse absolue. Dépression au-dessus du jardin sentimental bergmanien.

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Ingmar à bout : ici

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