Symphonie en noir (Etude in black) in Columbo (1972) de Nicholas Colasanto, Peter Falk & John Cassavetes

Vous aviez déjà eu droit à un épisode de Tatort (de Fuller) en voici un de Colombo avec nos amis Falk et Cassavetes derrière les manettes (sans être d’ailleurs crédités au côté de Nicholas Colasanto). Qu’en dire ? C’est un peu concombre comme un épisode de Colombo : un meurtre, un indice laissé sur place (ici, un œillet…), qui, on le devine, perdra l’assassin… Mais bon essayons de trouver un intérêt au-delà de ce scénar prévisible à mourir, voire même de la réalisation ultra codifiée qui ne laisse que guère de place aux effets de style. C’est surtout dans le jeu de John et de Peter qu’on trouve notre pain blanc et dans leurs multiples entrevues. John est un chef d’orchestre reconnu (on sent qu’il a dû s’entrainer des heures devant son miroir, il est nickel, le regard noir, les cheveux fous, la main leste) : il décide de tuer son amante pour ne pas briser son ménage, sa carrière et surtout sa fortune (si la mère de sa femme apprend qu’il la trompe, elle pourrait le bannir non seulement de l’orchestre (elle est présidente de l’association qui l’a monté) mais aussi de cette immense baraque dont elle est la proprio (John a un train de vie de président de l’assemblée). Tout a été fait par Cassavetes pour maquiller le meurtre en suicide mais voilà-t-y pas que l’inspecteur Colombo est persuadé du contraire ; et qu’il a dès le départ une grosse suspicion sur ce fier-à-bras de John. Tel un vautour en pardessus, Falk va donc décider de tourner autour de sa proie, le menant dans des discussions sans fin, multipliant les parenthèses et les digressions, pour mener ses nerfs à rude épreuve. Falk pose des questions à John sur ses revenus, sur sa bagnole, sur cette pianiste assassinée… etc. Ces confrontations entre nos deux compères valent franchement le détour, l’un comme l’autre multipliant les petits sourires crispés et les regards en dessous, les rires faux et les regards chafouins. Colombo, sur son terrain (merde, c’est sa série), est forcément le plus fort, poussant notre John jusqu’au bout du bout de sa patience. A la fin, c’est lui qui écrase le John par sa démonstration sans faille, le bougre, tout en ayant eu droit à son petit laïus sur sa femme et à son moment intime avec son (nouveau) chien. Pas de récit ultra-stylisé, certes, mais un épisode entre potes qui se tirent la bourre tout à fait potable.

Gloire à Cassavetes