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27 avril 2020

Les Amours de Salomé (Salome Where She Danced) de Charles Lamont - 1945

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Un beau bordel pour ce film qui part littéralement dans tous les sens, et ce à tous points de vue. Brion le classe dans les westerns, mais franchement le film pourrait aussi bien figurer dans la liste des comédies musicales, des mélodrames, des films de cape et d'épée, ou des films d'aventures. Lamont valse avec les styles et les genres, et si sur le papier ça pouvait sembler agréable, le résultat est assez désolant, le montage et la construction du film naviguant à vue entre les styles, sans aucune tenue, sans aucune homogénéité. Alors qu'on s'apprête à voir des duels et des canassons, nous voici en Autriche dans une ambiance à la Sissi, à la veille de la guerre : un aventurier américain engage une belle espionne (l'inévitable Yvonne de Carlo, la Gene Tierney du pauvre) pour percer les arcanes des décisions belliqueuses des deux camps. Elle s'attire ainsi la rancune tenace d'un officier autrichien qui va aller la traquer jusqu'en Amérique, où la belle fuit pour devenir danseuse d'opéra. Cette première partie est mortelle, et si vous n'aimez pas les crinolines et les jumelles d'opéra, je vous conseillerais de passer directement à la partie américaine : sans style, sans éclat, Lamont raconte piteusement sa tramette, passant à côté de tout ce qui pourrait être spectaculaire (la dernière bataille du Général Lee, les manoeuvres de la belle Anna Maria, la rivalité entre les deux coqs masculins).

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Non pas que ce soit beaucoup plus réussi par la suite, mais au moins le contexte est un peu plus fun : Anna Maria, son pianiste et son prétendant débarquent dans une petite ville de bouseux et tentent de trouver le succès en présentant une version très sex de Salomé, ballet édifiant mais dans lequel de Carlo se montre pataude et lourde comme ma cousine à son stage de danse classique. Peu importe : les cow-boys, de vociférant, passent à hébétés, le succès est assuré, mais mais mais... un bandit qui ressemble au premier amour de Anna Maria (oui, attention, c'est là que le film verse dans le n'importe quoi) enlève la belle. Consternation, mais le bandit la ramène bientôt et veut l'épouser, mais un milliardaire russe débarque et veut l'éloigner, alors que le vieil ennemi autrichien approche, mais le premier prétendant arrivera-t-il à... Voilà, à partir de là, tout part en sucette, le scénario tire à vue et au hasard, et on est vite consterné par cette histoire totalement incompréhensible, aussi complexe que deux saisons de série mais rassemblée sur 1h30. Les personnages passent d'un endroit à un autre sans explication, les dilemmes complexes sont résolus en trois secondes, on ne sait plus qui aime qui et qui en veut à qui, et on se contente d'avaler cette pellicule sans style à la fois consterné et abruti par la vitesse et les ellipses improbables. Au milieu de tout ça, le gars parvient encore à filmer de nombreux numéros dansés et chantés (de Carlo est meilleure au chant qu'à la danse), à nous amener sur une pagode chinoise (what the fuck ? mais qu'est-ce qu'il fait là, le type, il était à l'autre bout du pays y a pas trente secondes), à trousser un duel à l'épée digne d'Erroll Flynn, et à semer des petits bouts d'humour ("Mme Europe" est absolument impayable... ah non ?). On termine le truc exténué, mais on sent bien que ce désordre est le résultat d'un manque de rigueur ou du peu de scrupules des producteurs, qui semblent avoir coupé au petit bonheur dans le métrage pour le ramener à 90 minutes. Lamont, terne petit artisan, n'aura pas su sûrement se battre, et ça aboutit à ce film inregardable la plupart du temps, seulement sauvé par son petit ton caustique et la jolie frimousse de son actrice principale.

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