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24 avril 2020

High School de Frederick Wiseman - 1968

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Désireux de sortir du milieu carcéral (High School est le deuxième film de Wiseman après l'éprouvant Titicut Follies), notre Frederick s'enferme cette fois-ci dans le milieu éducatif, bien barré pour d'autres raisons. Le voici donc arpentant les couloirs d'un lycée de Philadephie, pour voir un peu ce qui se transmet et comment on le transmet aux jeunes d'aujourd'hui. Si le lycée, en surface, affiche son excellence, sa discipline de fer et ses enseignements de qualité, la vérité est toute autre si on creuse un peu. Les enseignements prodigués par ces profs apparaissent finalement assez réacs, conformistes pour le moins, et c'est justement le hiatus entre la désuétude de ces études et la modernité de ceux qui la subissent qui fait tout le sel du film. Car les jeunes gens filmés ici sont des jeunes gens d'aujourd'hui, frondeurs, emplis de convictions, rebelles aux anciens. Dès le départ, Wiseman quitte les cours pour aller filmer une confrontation d'un élève avec le directeur, et le résultat est atterrant : l'aîné refuse d'écouter l'élève, obéissant à des règles strictes qui n'acceptent aucune exception. Le résultat est que chacun est renvoyé dans ses cordes, le premier tout de rassurant quant-à-soi, l'autre tout de rancune et de sentiment d'injustice.

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Le film ira sans cesse d'admirations en déceptions, filmant tantôt un enseignement bien administré, une certaine harmonie entre les élèves, la modernité de ce lycée très bien équipé, tantôt le revers de la médaille : un cours de mannequinat (!) qu'on croirait sorti des années 50, les difficultés d'un élève qu'on ne prendra pas en compte, une confrontation avec des parents complètement arriérés... Si bien qu'on ne sait pas trop si le film est admiratif de l'enseignement des années 60 ou désespéré par sa ringardise en ces temps de changements et de révoltes. On constate tout de même que le monde fermé du lycée est poreux aux grands événements mondiaux : un élève privé de sport parce qu'il a sauté sur une mine au Vietnam, des débats sur l'émancipation féminine, la douce rébellion d'une élève qui clame le droit de choisir sa vie... et ce, malgré les profs désespérément esclaves des vieux schémas. On a notamment un cours d'éducation sexuelle qui vaut son pesant de clichés machistes et de blagues rigolardes. D'autre part, on remarque la mixité qui commence à se faire jour dans les lycées américains huppés: les élèves de toute couleur et de tout statut se côtoient sans problème. Ceux-ci testent les limites de ce lycée de l'ancien temps, et High School enregistre avec une certaine jubilation la révolte des élèves contre un enseignement qui les débecte plus souvent qu'à son tour. Le film ne manque pas d'humour dans ce sens, les profs étant souvent poussés dans leurs retranchements pour faire accepter leurs vérités à des jeunes gens avides d'en découdre et de rentrer dans la vie (et le cours de poésie sur Simon & Garfunkel est une première étape possible de leur émancipation). Un film sur la jeunesse plus que sur un lycée.

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