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13 avril 2020

La Marquise de Sade (Markisinnan de Sade) (1992) de Ingmar Bergman

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Bergman adapte Mishima et j’aime autant vous prévenir que les occasions de rigoler seront rares. Nous voici tout bonnement devant une adaptation théâtrale pour la télé de femmes entre elles. Si le divin Marquis, par ses écrits et par ses parties fines, fait beaucoup parler de lui, c’est bien les femmes qui, ici, tiennent le haut du pavé. Il y a la mère, un peu coincée et revancharde (mais on verra qu’elle évoluera, quand la situation changera – la pièce se déroule sur 18 ans, s’achevant en 1790 – les aristos la jouent profil bas…), l’épouse, fidèle malgré tout, et la sœur d’icelle, partageuse… La Marquise de Sade, alors même que son mari est accusé de tous les maux (…) et passe sa vie en prison, défendra corps et âme cet esprit libre, libertaire, face notamment à cette figure de marbre de la marâtre, et ce malgré les provocations de la sœur (qui testa donc, sexuellement, le Marquis). Elle tiendra contre vents et marées pendant 18 ans, attendant son retour, avant un inattendu revirement (eh oui, il y a même des rebondissements…) : elle prendra finalement la décision de rejoindre les ordres, « vaincue », finalement, par l’une des œuvres de son époux, le célèbre Justine.

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Une mise en scène a minima, nipponisante même oserait-on, par le choix de la musique et l’austérité des déplacements, mais qui n’en est pas pour autant moins intense. Il y a un petit côté pour le moins paradoxal entre le visage d’ange des deux jeunes héroïnes (Stina Ekblad, la Marquise et Marie Richardson, sa sœur Anne que l’on voit bien « venir ») et leurs propos directs, francs, sur les « dispositions » et les pensées du Marquis. Si la mère s’offusque à loisir devant les propos de ses deux filles, celles-ci se font un devoir de reconnaître tout ce que le Marquis symbolise face à cette société, tout ce qu’il peut ouvrir comme champ orgasmique du possible (oui, je vais pas tarder à aller me coucher). Les joutes verbales (c’est bavard, c’est clair) sont farouches, chacune des protagonistes ne s’abaissant jamais à donner raison aux propos sclérosés ou provocateurs de son interlocuteur. On doit s’accrocher parfois un peu à la toile du fauteuil pour ne pas décrocher devant cette fontaine de mots mais on apprécie ce jeu pur et dur, à l’image de l’œuvre du Marquis sans doute, des comédiennes. Bergman ose le sadisme à la sauce orientale et livre une œuvre exigeante où les femmes clament haut et fort leur amour à la fois plein de sagesse (des sentiments totalement assumés) et de violence (le dive Marquis…). Intense.

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Ingmar à bout : ici

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