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8 avril 2020

Les Siffleurs (La Gomera) (2020) de Corneliu Porumboiu

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Bien sympathique, ce petit polar roumain de derrière les fagots, avec son lot de manipulations, de femme fatale (délicieuse Catrinel Marlon), de flic ripou (on retrouve le personnage de Policier, adjectif – Vlad Ivanov), de trafiquants de drogue, de procureur droit dans ses bottes, etc... Porumboiu la joue plutôt sobre au niveau de la mise en scène comme pour mieux se concentrer sur cette machination et sur ces multiples clins d'œil au cinéma ; autre aspect plutôt intéressant du film, ce langage relativement simpliste (à base de sifflements donc) qui va permettre aux criminels d'échapper à tout l'armada moderne (caméra, mise sur écoute, planque...) mise en place par les flics pour les piéger… Bien. L'histoire sinon en quelques mots : un flic ripou (Vlad as Cristi) fait ses petites affaires avec un trafiquant de drogue ; seulement voilà, la procureur qui est sur le coup et qui a mis le flic sur ce coup, soupçonne rapidement notre flic d'avoir deux-trois intérêts dans l'histoire... A notre flic de la jouer très serré pour 1) tout faire pour ne pas enfoncer son associé 2) sauver sa peau, 3) parvenir à sauver la femme fatale (parmi les gangsters, forcément) dont il est, pauvre de lui, tombé amoureux. La partie s'annonce finaude...

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On voyage (Les Canaries, la Roumanie, Singapour...), on parle des langues multiples (espagnol, roumain, anglais...) ou on siffle et on n'a de cesse de faire des petits allers-retours entre le passé et le présent de narration ; chaque personnage est présenté dans un chapitre, et cette construction assez savante sert parfaitement ce petit jeu du chat et de la souris (la procureur, en particulier, est-elle corruptible et va-t-elle servir les intérêts de la police ou les siens propres ?) : on se retrouve rapidement face à un imbroglio où chacun, à partir de raisonnements souvent plus malicieux qu'ils en ont l'air, tente de s'en sortir vivant (il y aura de la perte...) et libre... Si Porumboiu filme avec une certaine distance ces personnages, ne cherche point à nous montrer leurs affects (les personnages demeurent parfois un peu froids), c'est sans doute pour mieux nous faire apprécier cette petite machine polardeuse parfaitement huilée qu'il déroule avec brio. Des ficelles, disais-je en intro, relativement classiques (qui va trahir qui ? Qui va aimer qui ?) mais avec un jeu permanent sur la "mise en scène", le factice, le côté cinoche de l'affaire : des extraits de film (La Prisonnière du Désert projeté s’il vous plaît à la cinémathèque et dont on voit un bien bel extrait), des personnages qui renvoient à d'autres œuvres (la bombasse se prénomme Gilda et le flic reprend son rôle de Policier, adjectif), des scènes qui font références à d'incontournables classiques (Psychose notamment) ou encore, cerise sur le gâteau, une scène cruciale (l'endroit où les gangsters et les flics vont régler leur compte) qui se déroule dans un décor de cinéma ; le final, quant à lui, véritable spectacle à part entière, est sans doute, à mes yeux un peu too much, mais passons... On passe un excellent moment en compagnie des divers protagonistes, se frottant les mains en tentant de deviner lequel sera le plus rusé, en tentant de percer celui qui cache le mieux son jeu. Porumboiu nous régale une nouvelle fois avec ce petit polar entertaining, tendu et nerveux (quand ça charcle, ça charcle) - quelle sélection, dites donc, que celle de Cannes 2019 !

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