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31 mars 2020

Courant chaud (Danryû) (1957) de Yasuzô Masumura

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Gloire à nos infirmières (il est bon de passer de la pommade) en ces temps chaotiques : des infirmières jouent au ballon sur un toit en ouverture, une est à l'écart, une amie vient la voir, pam elle tombe raide morte... Pourquoi ? Masumura n'est point un devin, la pauvrette s'est juste empoisonnée à cause d’une sombre histoire dans cet hôpital qui cache de nombreux secret… C'est ce que le nouveau gestionnaire des lieux devra éclaircir en plus de la gabegie : personnel dilettante, branle-mannette à la pelle, détournement de fonds... Une simple histoire de ressources humaines et de finance ? Que nenni. L'essentiel est ailleurs puisque le cœur de notre jeune gestionnaire balance entre une infirmière un peu sosotte qui lui est très dévouée et la sublime fille de l'ancien patron de l'hôpital (une grande famille composée de membres très profiteurs). Une fille bien sous tous rapports qui est attirée par ce nouveau venu mais qui est déjà fiancée à un autre docteur. Un autre docteur qui aimerait bien se marier avec icelle mais qui entretient depuis pas mal de temps une liaison avec une jeune mannequin... Des imbroglios de cœur et d’argent sur fond de blouses blanches moins innocentes qu'elles en ont l'air ? C'est exactement cela.

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On apprécie chez Masumura ce rythme constant et cette capacité à brasser tout un petit monde professionnel complexe (les infirmières, les docteurs, les investisseurs...) et les flirts à tiroirs : qui finira par conquérir la belle héritière, qui finira par gagner le cœur de notre jeune gestionnaire qui ne sait plus où donner de la tête ?... Tout indique que ces deux-là, une fois les scories mâles et femelles dispersées, devraient finir ensemble… Eh bien croyez-moi ou pas mais c'est loin d'être fait... Masumura nous livre toute une galerie de personnages parfaitement campés (le docteur totalement branleur, l'opportuniste et l'enfoiré (avec tout mon respect pour les Restos du cœur et les forains) de praticien qui joue sur tous les fronts (pro et perso), l'infirmière lèche-cul, la jeune fille capricieuse qui aime se faire désirer, la top-modèle indépendante et sans cervelle, etc...) et fait vivre chacun d'eux avec un bel équilibre au niveau du temps de parole... Notre gestionnaire tente de mettre du scotch pour faire tenir debout cet hôpital qui part en vrille, jouant la fermeté, jouant la séduction, bossant tant et plus mais devant faire face à un panier de crabes infernal (certains types qu'il a mis à la porte passent leur nuit à faire des tracts contre lui avant de les afficher dans toute la ville). Il a à peine le temps de s'occuper de ses petits problèmes sentimentaux (une femme qui le colle et qu'il repousse, une femme qu'il admire et qui l'ignore) et commence franchement à ronger son frein. On aime particulièrement cette scène où la jeune fille de bonne famille se balade avec son fiancé entre les draps blancs de l'hôpital : des pages blanches d'amour qui restent à écrire (entre deux jeunots qui n'ont de l'amour qu'une bien vague idée, même s'ils jouent à s'embrasser) et des surfaces là encore bien blanches en apparence qui dissimulent des petits intérêts personnels bien plus sombres ; une sorte de condensé de l'esprit du film - derrière les blouses blanches et les simili-sourires, des calculs diaboliques se déroulent. Notre gestionnaire finira-t-il par jeter l'éponge, se laissera-t-il convaincre par le dévouement de l'une ou le charme de l'autre, rien n’est gagné d'avance dans l'univers de Masumura ou toutes les options restent ouvertes jusqu'au bout. Un milieu hospitalier peu hospitalier et des histoires sentimentales qui tournent pour la plupart au vinaigre : joliment joué et mis en scène avec un véritable sens du mouvement, un film maîtrisé sur tous les plans, pleins de surprises et de rebondissements. Un Masumura trépidant où le blanc et le rose bonbon se teintent progressivement au contact de la noirceur de l’âme humaine.

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