SERIE : The Outsider - 2020

Bah ça ne mange pas de pain de se taper une série un peu crétine en ces temps difficiles, on fera la fine bouche plus tard. Celle-ci est adaptée d'un roman de King, comme 80% de la production mondiale de séries, ce qui n'augure certes pas des abîmes de réflexion mais autorise à attendre notre part de suspense, de rebondissements réguliers et de mystères opaques. Et on a tout ça, oui, dans ce machin qui démarre comme un polar retors et vire peu à peu vers le fantastique pur. Un gosse est retrouvé dépecé dans une forêt et très vite, le coupable est désigné : c'est un brave type, entraîneur de base-ball pour les enfants, que tout accuse, ADN, images vidéos et empreintes. Sauf que le gars prouve qu'au même moment, il était à une conférence dans un autre Etat, ADN, vidéo et empreintes à l'appui. Comment se fait-ce ? Peut-on être (c'est la question métaphysique du film, et on n'en aura pas d'autres) à deux endroits à la fois ? Le flic Ralph (dont tout le jeu est concentré dans le cou, sa tête dodeline sans arrêt) est mis sur l'affaire et va devoir s'adjoindre l'aide d'une experte, Holly, habituelle geek autiste et alibi noir de la série. Peu à peu, et sans spoiler, ils vont découvrir que, oui, on peut être à deux endroits en même temps, à condition d'être envoûté par une espèce de croque-mitaine qui prend votre apparence façon bodysnatcher. Dès lors, il va falloir meubler 10 épisodes avant la confrontation finale avec le démon, et ça va se faire à la façon roublarde de Stephen King : rien ne se passe et on a l'impression que c'est rempli comme un oeuf.

On voit bien la construction générale : un concept accrocheur au départ, puis des heures de rien, puis un final spectaculaire. Il est vrai que, à chaque fin d'épisode, on est happé par un suspense accessoire qui vous fait cavaler vers le suivant. Mais si on se pose deux minutes, on voit bien qu'en fait, toutes les cartes sont déjà là au deuxième épisode, et qu'il va nous falloir ronger notre frein, en faisant semblant de craindre pour la vie de nos héros qui seront poutant bien obligés d'être là jusqu'à la fin. On patiente donc en remarquant que la série n'est pas mal réalisée (Jason Bateman pour les deux premiers épisodes, et à l'écran également, s'en sort très honnêtement), et que, dans ses détails (les personnages notamment) on a parfois notre dose de spectacle. Par exemple dans ce personnage de flic condamné à servir de bras armé à notre croque-mitaine, seul vrai méchant du film ; ou dans le caractère touchant de Holly, triste finalement de mettre la main sur le mystère de cette enquête, et de devoir tomber dans un fantastique de pacotille. Sinon, ce sont les scènes convenues de mère de victime en colère, d'enfants à deux doigts d'être enlevés, de méchant qui s'introduit subitement dans les rêves (qu'est-ce que c'est que ces scènes ?) ou d'enquête qui piétine. Si on fait le compte de toutes les scènes inutiles (mais efficaces, hein, j'en conviens), on a de quoi faire une autre série. Quoi qu'il en soit, on reste jusqu'au bout, parce qu'on se dit que peut-être ça va dériver vers autre chose (non), vers une piste moins bêbête (non), que les personnages vont évoluer (non) ou que notre Bête réserve des surprises qui vont tout remetre en question (non). Ce qui aboutit à un final décevant (bah c'était que ça, ce fameux monstre ?). A voir si vous êtes confiné, mais alors seulement le premier épisode, de loin le meilleur.

Comments

[John Warsen]

Allo, le SAV ? j'ai regardé l'épisode 1 et il ne s'est rien passé, qu'est-ce que je fais ?

comment ? acheter un livre ? mais j'en ai déjà un !