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28 mars 2020

Les Femmes naissent deux Fois (Onna wa nido umareru) (1961) de Yûzô Kawashima

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Journal d'une geisha, ou d'une jeune femme peu farouche : chronique de mésaventures annoncées d’une jolie jeune femme avec des partenaires allant de 17 à 77 ans. C'est l'éternelle et incontournable Ayako Wakao (as Koen) qui mène la danse, passant des bras de son sugar daddy Sô Yamamura (grande gloire du cinéma nippon) à celui d'un petit jeune fraichement émoulu en passant par ceux de Kyû Sazanka dragueur vieillissant au regard chassieux, du bas du front et gentillet Furankî Sakai (grand chef es sushi) ou encore du beau gosse Jun Fujimaki... Orpheline, elle cherche en ces hommes le temps de quelques heures, de quelques nuits, de quelques jours un refuge, tentant tant bien que mal de garder toujours le sourire - et ce malgré la déveine qui lui colle, comme les hommes, à la peau...

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Koen, malgré son sourire enjôleur, sa légèreté, son ouverture d'esprit, semble vouée aux déceptions. Elle a beau y mettre à chaque fois tout son cœur, ces différents hommes ne lui pardonnent aucune faiblesse, quand il ne la considère pas comme un simple passe-temps agréable. Le seul qui "investit en elle" (oui, je sais, c'est affreux) c'est le vioc Sô qui finit par la loger dans un appart minuscule et qui va pratiquement lui péter dans les doigts sans rien lui laisser. Pour les autres, elle n'est qu'une occase ou juste un faire-valoir. Le faux-cul Kyû la lâche dans un spa quand il croise une autre donzelle, Furanki est en pamoison mais finit par se marier avec une veuve dont les parents sont des pontes du wasabi (je sais, c'est forcément tentant), et Jun qui lui paraissait si beau, si pur, la convie à un repas pour la refourguer à l'un de ses invités anglais. Bref, la pauvre reste la proie des hommes... elle finira par rejoindre le gamin qu’elle a dragouillé par le passé pour lui offrir le rêve qu’il avait (voir les montagnes et leur sommet enneigé), la Koen, elle, préférant au dernier moment rester à quai - une fin très surprenante, en queue de poisson pourrait-on dire, mais à l'image de la vie de Koen, simple "accessoire" des mâles... Le film, lui, est loin d'être triste, il y a tout au plus une ou deux scènes un peu gênantes pour Koen (Sô, jaloux, qui la menace d’un couteau sans passer à l'acte, la femme d'icelui qui vient lui demander quelque chose qu'elle n'a jamais reçue, un proche de Sô, aussi, un soir, un peu lourdingue en la serrant de près...), une Koen qui tente à chaque fois de prendre la vie du bon côté, rebondissant d'homme en homme comme une super balle. Il lui en faut de la patience et de la résilience pour supporter les petits caprices de chacun ainsi que leur (parfois « sauvage », pour les plus jeunes) désir sexuel ; Kawashima filme la chose de façon enlevée, enchaînant les petites saynètes entre quatre murs avec un certain entrain dans ce film très colorés et peuplées de personnages féminins et masculins hauts en couleurs. Ces morceaux de vie apparaissent parfois un peu disparates (on peine au départ à voir quel est le fil rouge alors même qu'on l'a sous les yeux : Koen) mais ce petit puzzle sentimental finit par donner une image assez nette de cette femme qui, malgré son dévouement sincère, semble vouée à jouer toujours les seconds rôles - elle finira par prendre « son destin en main » uniquement pour que ce petit jeune, grâce à son aide, puisse, lui, aller jusqu'au bout de ses envies. La dernière scène où Koen, abandonnée dans un coin du cadre, est filmée de loin est une image à la fois très belle, presque poétique de cette femme toujours enjouée mais aussi teintée d'une grande tristesse – elle ne semble dès lors pas avoir d’autre choix que de se réinventer une nouvelle vie... Beau portrait de femme effectué par petites touches.

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