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21 mars 2020

La Femme libre (An Unmarried Woman) (1978) de Paul Mazursky

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♪ Ne la laisse pas tomber... ♪ Et c'est bien pourtant ce que fait son salopiot de mari : après à peine trente minutes de bobine, le couperet tombe : je te quitte, je suis tombé amoureux d'une femme plus jeune, désolé. On est abasourdi tout comme la magnifique Jill Clayburgh. Depuis à peine trente minutes que l'on a fait sa connaissance, on ne voit guère ce que ce porc peut lui reprocher : avenante, sportive, drôle (elle danse Le lac des Cygnes en solo dans son appart avec majesté), elle mène une vie des plus équilibrées ; un groupe de copines avec lesquelles elle déconne une fois par semaine, une gamine ado élevée aux bons grains et un sourire qui tue. Son mari trouve qu'elle a a qui plus est un corps de rêve... et la largue sans apparemment trop de remords. On sait bien qu'on est dans les années 70, à la fin du Moyen-Age pour les coiffeurs et le respect dû aux femmes, mais tout de même. Il va falloir pour Jill remonter la pente, reprendre confiance en soi, retourner vers les autres et parvenir à renforcer son amour propre avant de se permettre de retomber aveuglément amoureuse. Pas facile mais peut le faire.

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Dès le départ, la musique funky et un brin sirupeuse de Bill Conti donne le ton : il y aura des moments de grâce cuivrés et des violons qui scient les bras. On est franchement, dès l’ouverture, de tout cœur avec cette Jill - et ce pas seulement parce qu'elle a une foulée paisible quand elle fait son jogging. On prend le même coup sur la tête qu'elle quand son couard de mari lui annonce en pleurnichant qu'il la quitte : la scène est brute de décoffrage, en pleine rue, et tombe au moment où on s'y attend le moins (bien que le titre (un brin ambigu en anglais) nous ait mis sur la piste). On va suivre étape par étape cette phase de reconstruction - longue, difficile mais sans jamais que Mazursky nous fasse le coup du pathos ricain à deux balles, ce qui est toujours appréciable. Discussions avec sa fille et petits frottements, discussions avec la psy et petits malentendus, discussions avec ses copines et petites gênes, il y a des moments dans la vie où tout part en vrille, ou tout est remis en question. Cette Jill si légère semble avoir dorénavant sur ses épaules le poids des dix horloges de la maison de campagne de mon grand-oncle. S'ouvrir, se ré-ouvrir, au monde, aux hommes, facile à dire. Encore faut-il que l'envie revienne, le besoin, la foi... Jill, en marchant sur des œufs, va se remettre à refréquenter progressivement des hommes qui ont tous le tact (fin du Moyen-Age, disais-je) de penser avant tout à son cul. Elle s'en offusquera, elle s'en amusera, elle en jouera. Jusqu'à ce que. Un jour, tout se remet tranquillement dans l'ordre - un ex à genoux, des amies solides, une fille aimante, un amant passionné (Alan Bates, plus barbu et chevelu qu'à son tour). Sans faire dans la psychologie de magazine féminin à deux balles, sans tomber non plus dans l'analyse psychanalytique chiantissime, Mazursky fait un portrait de femme "de son temps" tout à fait plaisant, une femme, dans ce monde perverti par les hommes, qui ne va jamais sombrer, qui va toujours lutter et qui va s'affirmer pour ce qu'elle est (et pas forcément pour ce que "l'on attendrait d'elle"). C'est du seventies (musique qui pédzouille un peu, look forcément vintage - ah le short de course de Jill, j’avais le même !!!) mais qui n'a malgré tout pas tant vieilli que cela ; Mazursky n'est pas Cassavetes et Jill n'est Gena mais le film, dans son genre (le couple de longue durée dit "normal" et l'astéroïde du divorce qui tombe), demeure une œuvre teintée de féministe de bon aloi, tout à fait sympathique. A redécouvrir selon la formule éculée.

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