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20 mars 2020

Routine Pleasures (1986) de Jean-Pierre Gorin

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Un peu de plaisir quotidien d'après Jean-Pierre Gorin ? Pourquoi pas : il nous emmène ici à la croisée de deux chemins, celui des tableaux de son ami Faber et celui de fous furieux passionnés de modélisme et de trains... Le point commun entre ces deux mondes, ces deux univers ? Une certaine nostalgie des années 30 qui pourrait se cristalliser autour d'un auteur William A. Wellman voire d'un film Other Men's Women. Un dîner de cons vintage serait-il envisageable ? Vous y allez fort même si la causticité est de mise en ces temps troublés. Gorin se focalise sur tous les petits détails qui parsèment les œuvres empreints de nostalgie de Faber (un tableau notamment où il est question des souvenirs disparates de son enfance) ainsi que sur le travail titanesque de précision que représente ce circuit de trains ; ces malades mentaux de la loco se donnent rendez-vous chaque semaine pour animer cette vallée reconstituée : pour le plaisir, pour partager leur hobby, comme de grands enfants obsédés... On suit les méandres du cerveau de l'un et les méandres du circuit des autres sans qu'il s'agisse non plus pour l'un ou pour les autres de livrer tout leur secret : ils vivent chacun leur art, leur passion et ils n'ont pas non plus franchement envie de s'épancher sur leur sort. Gorin, de façon assez subtile, tente de monter son doc non pas de façon linéaire mais en empruntant lui aussi des détours alambiqués (à l'image de ces rails qui ne cessent de s'entrecroiser) : il ne cesse de faire des parenthèses, de faire des flash-back dans le temps, comme pour montrer d'une part les chemins alambiqués de la mémoire (qu'est-ce qui subsiste dans notre esprit du passé ? Quel événement fut plus ou moins marquant ?) et pour démontrer les associations d'idées parfois tortueuses de l'esprit (il ne cesse notamment de faire des ponts entre ces deux sujets, cherchant toujours la petite bête pour montrer qu'il y a un lien (visible ou invisible) entre ces deux domaines a priori sans lien si ce n’est d’être « enferrés » dans le passé). Du coup, on n’a jamais l'impression d'être dans l'illustration banale d'un sujet lambda, le commentaire plat sur un artiste ou sur un club de modélisme. Il y a un vrai parti-pris dans le montage labyrinthique de ce doc (qui multiplie les allers-retours entre présent et passé, entre les deux sujets) comme s'il n'y avait pas d'autres voies pour tenter de percer le mystère de la passion de chacun. Lui-même, Gorin, joue un peu les intrus (ce que chacun finit par lui faire sentir) dans ces deux mondes clos où chaque individu, enfermé dans sa peinture ou dans l'univers de ce jouet démentiel, ne ressent pas non plus franchement l'envie d'être sous l'observation constante d'un quidam. Des petits plaisirs personnels intelligemment évoqués par un Gorin (ah tiens un bon vieux tremblement de terre en direct, ça faisait longtemps... L’apocalypse confiné…) qui sort volontairement de la ligne droite pour tenter de mieux aborder son sujet par des voies de traverse - un peu brouillon, sans doute, parfois, mais plutôt malin.

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