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Shangols
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4 mars 2020

Coeur sincère (Magokoro) (1953) de Masaki Kobayashi

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Kobayashi à la réalisation, Kinoshita au scénario, et un beau casting d'actrices (mais aussi d'acteurs, hein, bien sûr : l'éternel adolescent Akira Ishihama as Hiroshi est remarquable) : Keiko Awaji (Midori, la sœur d'Hiroshi), Hitomi Nozoe (Fumiko, la voisine malade et aimée secrètement par Hiroshi), Chieko Higashiyama (la grande sœur de Fumiko), Kinuyo Tanaka (la mère d'Hiroshi) ; des femmes aimées, aimantes, gaies, légères, jusqu'à ce que la tragédie envoie tout le monde dans les pleurs... Il est surtout question ici de cet amour naissant, inavoué, entre deux voisins : lui, Hiroshi, passe sa vie dans sa chambre pour préparer un examen ; elle, Fumiko, passe sa vie dans sa chambre alitée (la tuberculose, ça c'était de la maladie !) ; ils communiquent simplement quand leur fenêtre est ouverte sans mot, par le jeu des regards, des sourires, ou d'un miroir (Hiroshi lui renvoyant les rayons du soleil qu'elle ne peut apercevoir : elle est pauvre, son appart est mal exposé). Le père d'Hiroshi lui a fait la promesse qu'il aurait ce qu'il veut s'il a son exam ; Hiroshi n'a désormais qu'un souhait, bosser jour et nuit, avoir l'exam et demander à son père de sauver Fumiko. Une course contre la montre pour sauver cet amour muet - et qui le restera, désolé de vouloir casser l'ambiance, le drame prenant le pas sur la romance.

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Des romances, pourtant, il y en a, entre la sœur d'Hiroshi et le cousin qui vient soutenir Hiroshi chaque jour dans son travail ; entre la sœur de Fumiko et l'ancien locataire de son appart qui vient pratiquement chaque jour lui rendre visite. Il y a de la joie, donc, notamment chez Hiroshi qui n'hésite jamais à jouer avec sa sœur et dont les parents sont comme on dit outre-manche très « supportive », pardon très solidaires avec leur fils. Bref, du bonheur sentimental à tous les étages sauf à celui de Fumiko ; toutes les prières de Hiroshi seront vaines, surtout après le passage chez Fumiko d'une sorte d’oiseau de malheur (la mort elle-même ?) : l'oncle bien dégueulasse qui va effrayer la jeune fille et la faire s'évanouir dans la neige ; comme si la pauvre était marquée par le destin (et la pauvreté, of course) et que rien, absolument rien ne pouvait la sauver - pas de lutte des classes ici, au contraire (la famille de Hiroshi baigne dans la thune et ce dernier n'a d'yeux que pour la pauvrette) mais une classe qui semble lutter en vain. On apprécie malgré tout tous les petits instants complices entre ces deux amants muets auquel la mort viendra mettre un point d'orgue. Il y a également (les cinéastes japonais et la neige, une thèse n’y suffirait point !) quelques très jolis instants partagés entre la sœur de Fumiko, Midori, et son jeune amant (ces yeux levés vers la nuit, ces petits flocons qui accrochent les cils...) ainsi qu'une vraie gaieté dans la maisonnée d'Hiroshi lorsque ce dernier poursuit sa sœur (la descente de la rampe, de grands enfants !) : une sorte de tableau joyeux peint à la main, par petites touches, comme des flocons, mais un tableau qui finit en eau comme si tous les flocons fondaient d'un coup (…). Un joli drame sentimental où les regards de pur bonheur échangés entre les deux jeunes gens valent à eux-seuls toutes les histoires d'amour (qui finissent mal, en général). Un Kobayashi tout en tact et en humanité rentrée.

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