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17 février 2020

Chantez, dansez, mes belles ! (Dance, Girl, Dance) (1940) de Dorothy Arzner

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Une femme cinéaste au sein du tout puissant mâle Hollywood en ce début des années 40, cela change tout de même un peu la donne. Et cela surtout donne du caractère à cette romance musicale où l'Irlandaise Maureen O'Hara finit par dire aux hommes (lubriques ? Disons aux hommes) leurs quatre vérités. Mais reprenons l'histoire à son départ : Maureen est une danseuse de cabaret qui rêve de danse classique... Seulement voilà, les contrats sont rares et il faut bien vivre. Heureusement, son amie Bubbles (Lucille Ball), charmeuse et opportuniste, finit par la faire embaucher dans un nouveau spectacle qui a pignon sur rue : Bubbles s'occupe de captiver le spectateur en faisant son petit numéro dans la grande tradition du « burlesque » (un coup de vent et ses gambettes de se dévoiler) ; Maureen s'occupera de la partie "classique" (un petit numéro sur des pointes en tutu) pour faire bouillir durant les intermèdes ces mêmes spectateurs en manque de cuisses fraîches - jusque-là, rien de bien nouveau sous le soleil... Parallèlement à cette vie côté cour, il y a le pendant côté jardin : Maureen ne laisse pas indifférent un riche héritier qui a du mal à oublier sa précédente femme issue du même milieu que lui ; ce dernier pense oublier son chagrin avec Maureen et finit, après un soir de beuverie, par se marier avec... Bubbles (toujours dans les bons coups). Maureen est verte et décide lors de la dernière représentation de dire aux hommes qui la huent tous les soirs ce qu'elle pense de ces pauvres frustrés - et tente, dans la foulée, de mettre une torgnole à Bubbles, histoire de mettre les compteurs à zéro. Fi !

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Avant ce beau et digne discours d'une Maureen décidée devant ces mâles (accompagnés de leur femme) bien gênés, on aura assisté à un film tout à fait charmant qui fait la part belle aux femmes. Maureen, en premier lieu, avec son caractère bien trempé : irlandaise et fière de l'être, elle ne se laisse pas si facilement conter fleurette. Si elle accorde du crédit, au départ, à ce riche Harris (Louis Hayward), elle finira bien par lire en lui à livre ouvert ; elle livre aussi, sous la pluie, une séquence d'une belle dignité lorsqu'un "inconnu" (c'est malheureusement un des grands pontes de la danse mais elle ne le sait point) lui offre un coin de parapluie ; passant outre tout compliment, elle repart sur ses petites gambettes gainées en faisant ingénument flic floc dans les flaques. Délicieuse. Bubbles incarne, elle, la fille facile, volage, qui sait jouer toutefois intelligemment de ses charmes - et qui, malgré ses petits airs hautains, n'oublie jamais ses copines dans la panade. S’il s’agit d’une croqueuse de diamants qui semble jamais satisfaite, elle finira également par faire preuve d'une certaine philosophie (vénale, la donzelle, mais sans non plus trop se prendre la tête). L'ex-femme d'Harris, enfin, blonde sophistiquée (Virginia Field) titille un peu son homme (la jalousie, il n'y a que cela qui marche avec ces couillons) avant de remettre la main sur lui. Trois femmes avec des atouts qui savent le moment venu jouer leur carte. Arzner, même dans les parties dites "burlesques", les filme avec amour, sait comment éclairer au moment opportun un visage et nos trois femmes rayonnent. La sagesse brune de Maureen irradie vs the blondes étincelantes ou provocantes dans leur habit d’apparat. Un petit jeu entre femmes qui finissent par donner une véritable leçon de savoir-vivre (cela se termine d’ailleurs au tribunal) aux hommes. Arzner power !

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