Wildlife : une Saison ardente (2018) de Paul Dano

Une adaptation d'un bouquin de Richard Ford qui aura bientôt les honneurs de la collection Criterion ? Bien sûr que je prends. Soit donc l'histoire, le temps d'une saison (chaude, que dis-je brûlante au vu des incendies qui éclatent dans la région), dans le cadre mirifique du Montana (que nous avons visité entièrement, de façon littéraire, avec Gols), d'un homme, d'une femme et de leur gamin, un ado un peu perdu au milieu de ses deux êtres en pleins doutes. Joe (Ed Oxenbould : un faciès lunaire) observe de façon un rien dubitative son père Jerry (Jake Gyllenhaal et ses grands yeux éternellement rêveurs) de plus en plus "ailleurs" (à tel point, après avoir été licencié, qu'il s'engage le temps de la saison comme pompier : un job dans la montagne loin du foyer…) et sa mère Jeanette (Carey Mulligan : un joli petit minois quand elle se donne la peine) de plus en plus en prête, en l'absence de ce mari déserteur, à tester d'autres horizons... sexuels. Joe, garçon timide mais capable de créer du lien avec une chtite dans sa classe, observe ses parents en étant de plus en plus halluciné, comme s'il voyait devant lui tout son univers s'écrouler comme un château de cartes, le temps d'une saison en enfer...

Dano fait dans la sobriété, laissant aux paysages du Montana, au besoin, toute leur place (de magnifiques vues qui font envie, lors des quelques trop rares scènes en extérieur) et filmant ses acteurs au plus près. Ceux-ci ne sont pas particulièrement bavards (le père qui se renferme, le gamin qui reste sans voix, la mère qui cultive son jardin secret) et les silences sont nombreux... Les quelques discussions pour faire le point sont d'ailleurs souvent ponctuées de plages de silence un peu longuettes. L'effondrement familial se fait, et c'est peut-être le pire, en douceur, se consume lentement, le temps d'un été... Dano se concentre sur le "regard" du gamin (pas innocent qu'à ses heures perdues il soit assistant photographe) de plus en plus hagard devant ce monde d'adultes qu'il ne comprend pas : les tromperies de sa mère l'effraient, l'accès de violence de son père (il finit par réagir, lorsqu'il revient et apprend les infidélités de sa femme) le foudroie. Le temps de cet été, il fait ainsi l'expérience difficile de ce petit cocon qui s'effrite sous ses yeux mêmes. Le récit prend résolument tout son temps pour illustrer son propos et avouons qu'on aimerait parfois que la chose ait un peu plus de nerfs... On se laisse un peu bercer par cette histoire, jusqu'à l'ennui. On eut aimé un peu plus de coups d'éclat et des personnages avec un peu plus de caractère - la nonchalance générale finit par taper un tantinet sur le système. Un film maîtrisé, certes, mais auquel il manque un grain de vie...