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16 février 2020

LIVRE : Otages de Nina Bouraoui - 2020

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Nina Bouraoui, à partir de sa propre pièce de théâtre, nous livre un récit bien dans l'air du temps (non, ce n'est pas ironique, on ne peut rire de tout, allons) : une femme quittée par son mari à la cinquantaine (sans réelle raison, sinon surement l'usure), exploitée par son boss et violée dans son adolescence. Autant vous dire, que l'heure du bilan a sonné et qu'elle est bien décidée à ne plus se laisser faire... Par les mots (forcément ; des blessures qui ressortent, pour ceux pleins d'empathie, une logorrhée de plaintes, pour les moins patients...) et par les actes puisqu'elle va, le temps d'une nuit, kidnapper son patron. Eh oui, comme si le trop plein d'émotions enfouies finissait par exploser... Bah, elle va rien lui faire, à ce con de patron, juste lui faire un peu peur histoire qu'il se rende compte de ce qu'il fait subir à ses propres employés... puis le relâcher puisqu'il a promis de ne rien dire. Elle sera forcément arrêtée dans la journée qui suit par des gendarmes pas commodes. De toute façon, elle a l'habitude d'être trahie (par cette rencontre de jeunesse qui a abusé d'elle, par son mari qui s'est barré sans donner d'explication, par son boss, donc, maintenant, d'une lâcheté sans nom) : le fait de se retrouver "prisonnière", isolée, entre quatre murs, constituerait presque pour elle un temps de repos pour lui permettre de se reconstruire... Des mâles dominateurs, guère courageux, violents, on est dans une thématique qui fait aujourd'hui recette - pour le meilleur (des femmes abusées qui prennent enfin la parole) et pour le pire (des plaintes, des plaintes, des plaintes qui  tournent parfois un peu en rond tant le mâle est présenté sans réelle profondeur psychologique, comme si tous les hommes étaient finalement interchangeables). Nina anaphorise à l'envi pour asseoir dialectiquement son beau discours, et tente de montrer que cette pauvre héroïne, après cinquante ans à se taire, trouve enfin le temps de mettre des mots sur ces maux. On sent au début une certaine tension mais cette tension en continue finit par être un peu crispante. On sent une femme qui bout et déborde avant de tenter malgré tout de retrouver une certaine sérénité... loin des hommes, ces créatures qui l'ont soit abusée, soit délaissée. Bref un cri de femme. On comprend assez vite le principe, on est prêt à compatir volontiers même, mais ce déluge de mots sur des cas tellement stéréotypés (le violeur, le mari absent, le boss sans foi ni loi) se révèle souvent un peu attendu, sans véritable finesse. Une femme en colère (du temps). Bel opportunisme, pardon, belle opportunité dans le fond, un peu trop prévisible dans la forme.  

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