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Shangols
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13 février 2020

La Beauté des Choses (Lust Och Fägring Stor) (1995) de Bo Widerberg

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Les quêtes sentimentales adolescentes, le récit de ces années de formation, de transformation, hein, on nous la fait pas sur Shangols. C'est le suédois Bo Widerberg qui s'attaque à la chose, véritable œuvre testament puisque ce sera en effet son dernier film. On connaît l'histoire (une ressortie dans le cadre d'une retro spéciale Macron ?) : un jeune garçon s'éprend de sa jeune professeure. Scandale à Malmö en ce début des années 40 ? Pas forcément, nos deux amants se montrant plutôt discrets... Même quand le mari un brin alcoolique d'icelle se rend compte de ces tromperies, celui-ci noie son chagrin, en présence du jeune homme d’ailleurs, dans le gin et Beethoven - bref, tout va très bien madame la Marquise. L'histoire se focalise finalement surtout sur notre jeune homme : ses tentations sexuelles (avec cette douce professeure peu farouche donc mais aussi avec sa petite voisine guère plus farouche), ses envies à quitter son foyer très plan-plan, sa curiosité, ses années d'apprentissage de la musique, des mots, de la vie quoi... Une histoire somme toute très classique malgré les apparences.

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Ne nous le cachons point, on s'attendait à ce que le Bo fasse des merveilles en matière d'érotisme et de sensualité (le "sexe" ? Pouah, ne soyons pas vulgaire, on parle cinéma ici). Eh bien avouons que nous fûmes un tantinet déçu sur ce point. La faute à une photo fadasse déjà vieillotte ? Pas seulement : si certaines situations avaient du potentiel pour provoquer une forte augmentation du taux d'adrénaline (on a dit qu'on restait poli), la tension érotique de ces séquences qui s'annonçaient chaudes comme la braise (une embrassade clandestine dans un couloir, un effeuillage de ladite prof dans les formes, de premiers ébats maladroits...) retombent assez vite. Cette liaison qui promettait d'être sulfureuse devient en fait vite banal – notamment, sans doute, à cause du manque total de réaction du mari qui ne s'offusque en rien des coucheries de sa femme : sans interdit, où est finalement l'excitation ? Du même coup, on se recentre sur l'évolution "générale" du garçon et cette aventure sexuelle n'apparaît finalement comme un épisode parmi d’autres dans ces années-là. On comprend que le cinéaste n'ait pas voulu faire de cette liaison l'unique centre d'intérêt de son film mais on est quand même un peu déçu par le traitement de cette histoire à la sensualité assez molle. Bon. Notre jeune homme va éprouver par ailleurs, par le biais des gens qu'il fréquente, différentes émotions : la désillusion, la dépression avec le mari trompé mais aussi l’expérience et l'extase de la "grande musique", le trauma avec l'événement tragique qui arrive à son brother in arms, la fougue puis la claque avec sa petite voisine qui n'a pas froid aux yeux (vous ne regarderez plus un cheval d'arçon de la même façon) mais qui n'est pas non plus aveugle devant ses infidélités... Notre garçon, à travers ces diverses expériences, tend à sortir de son milieu social un tantinet défavorisé et semble prêt, au final, dictionnaires à la main (et ce après quelques menus trahisons) à affronter la terre entière. Bien. Un récit d'initiation qui se tient, avec une petite pointe de piquant, mais la sauce épicée tant vantée sur l'affiche laisse en bouche un petit goût aigre-doux un peu décevant. Une Suède un peu tiède.

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