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10 février 2020

Meurtre à bord (Dangerous Crossing) (1953) de Joseph M. Newman

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Il me faut bien avouer que les films noirs ricains de ces années-là restent mon pêché mignon... Même s'il me semble avoir fait le tour de la question (lien), il me reste encore quelques œuvres à écumer. C'est le cas avec cette histoire de disparition sur un bateau de croisière pris dans la brume, un petit noir réalisé par l'honnête artisan Newman. Le pitch est simple comme bonjour : une jeune femme (Jeanne Crain) embarque avec son tout nouveau mari pour sa lune de miel. Pas de bol, quinze minutes après le départ du paquebot de croisière, celui-ci disparaît. Deux options principales sont à considérer : soit elle est pas bien dans sa tête, la bougresse, ayant des hallucinations visuelles et sonores (elle a perdu son père il y a quatre mois et elle avoue elle-même que cela lui a fait un coup), soit elle est au centre d'une machination diabolique (ça sent la conspiration internationale louche). Bref, si le personnel du bateau est au petit soin pour elle (notamment le galant docteur du navire : Michael Rennie la verrait bien tomber dans ses bras), la pauvrette a de plus en plus de mal à faire confiance à cet entourage qui la regarde de travers. Rien ne se passe comme prévu : on la change de cabine (la vôtre c'est B-18, pas B-16, allons), aucun membre du personnel ne se rappelle l'avoir vu aux côtés de son mari, ce dernier l'appelle au téléphone sans qu'on puisse tracer l'appel... Elle devient franchement à moitié dingue... Etait-elle détractée à l'origine ou essaie-t-on de la faire craquer ?

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Joli petit suspense d'une heure (il restera quinze minutes pour démêler l'écheveau, c'est bien suffisant) où l'on ne cesse de tanguer entre la folie et le traquenard. On apprécie particulièrement ces moments nocturnes dans le brouillard (le film noir devrait définitivement se faire rebaptiser le film gris : le fog lui sied si bien) avec cette sirène tonitruante du navire qui revient de façon lancinante... comme pour enfoncer un peu plus, toutes les trente secondes, la belle Jeanne dans son cauchemar. Elle tente pour sa part d'enquêter (la nuit, c'est désert le pont d'un navire et diablement inquiétant), de faire bonne figure (elle sourit à ce docteur gentleman sans trop savoir s'il la manipule - doit-elle prendre les somnifères qu'il lui offre dans un grand sourire ?) ou encore de ne pas trop s'évanouir (ce type avec sa canne - ohoho, une image psychanalytique de son père ?! - semble lui tourner autour et a un don pour lui faire perdre connaissance...). Jeanne Crain résiste crânement, joue sur le pont (et manque de passer à l'eau : séquence frisson et romance lorsqu'elle se retrouve dans les bras du docteur qui l'empêche de tomber par-dessus bord), nage comme une ondine (séquence sensualité et romance quand le docteur lui remet pendant deux plombes ses petites chaussures), danse (séquence suspense et romance : elle tente d'échapper à ses poursuivants en se fondant dans la foule). Le dénouement apporte sa petite surprise (mais, oui, bien sûr, j'aurais dû y penser - mais non, en fait) et règle la chose dignement et sans esbroufe. Un noir esthétiquement soigné, une héroïne souvent joliment mise en valeur et un suspense qui tient la route : parfait pour commencer la semaine dans une humeur vintage.

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Commentaires
F
Un bémol : l'emploi de la voix off qui laisse à penser que l'héroïne n'était pas capable d'exprimer l'évolution de ses sentiments par le regard ou un geste approprié. Sinon une très bonne histoire concoctée par John Dickson Carr, le grand spécialiste de la "chambre close" quand on admet que les belles héritières sont assez naïves pour un mariage à la sauvette. Un bon bol de crème grise plutôt qu'un petit noir.
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M
Oui, très sympathique. Souvenir d'un très joli premier plan qui se termine sur le visage de Jeanne Crain face caméra. Et Michael Rennie est une de mes faiblesses.
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