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3 février 2020

Humain, trop humain (1974) de Louis Malle

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Le travail à la chaîne dans l'industrie automobile en général et chez Citroën en particulier : vaste sujet. Ou pas. Malle prend sa petite caméra dans ces années 70 où le poil était dru et les blouses des travailleuses d'un goût contestable et nous montre ce que ces pauvres ouvrier(e)s font, chaque jour pratiquement que Dieu fait : ça assemble, ça martèle, ça soude, ça coud, ça peint, ça tortille des fils, ça pose du pare-brise... Bref ça bosse de façon mécanique, chacun ayant sa micro tâche à effectuer. Les hommes, eux, c'est plutôt tout ce qui est carrosserie et moteur ; les femmes, elles, plutôt couture et assemblage de fils... Tout un sexisme, la bagnole, même dans la construction. Il y a bien que dans la pose de rivets que les équipes sont mixtes - dès qu'il s'agit de rondelle, allez savoir pourquoi, l'égalité revient. Malle, dans ce documentaire, est plutôt partisan de l'école du silence : pas de voix off, juste des plans, pour ne pas dire des gros plans sur le faciès concentré et mou de ces hommes, ces femmes au boulot. Si certains jobs sont plus chiants qu'un discours politique (retourner toute la journée un intérieur de portière, c'est languissant), d'autres sont plus sportifs (mon coup de cœur pour le gars au marteau qui fout des coups partout (mais attention de façon experte) pour que ce putain de coffre ferme correctement - il y a le même avec les portières mais c'est moins spectaculaire) : tout le problème de ces taffs c'est d'être (attention spoiler) peut-être un brin abrutissant...

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En tout cas, nos travailleurs ne se dérident guère, même la clope au bec. Il n'y bien que lorsqu'on guette du coin de l'oeil la caméra ou qu'un jupon passe alentour, qu'un léger rictus apparaît sur ces visages déjà fatigués de vivre... Et le pire, et le pire, c'est lorsque Malle décide, au milieu de la chose, d'aller faire un tour dans un salon de l'auto : écoutez-moi tous ces cons qui donnent leur avis sur des bagnoles ; on se casse le cul à leur assembler une caisse en se décarcassant et en y perdant la santé, tout ça pour qu'un peigne-cul vienne critiquer les finitions. C'est un peu rageant. Et Malle de nous remettre dans la foulée des images sur l'assemblage pour peu qu’on n’ait pas compris. Alors, oui, regarder un type faire de la soudure pendant 15 minutes c'est vite ennuyeux ; c'est certes un peu le but de la chose : qu'on montre un peu d'empathie pour ce taff lourdingue en étant fatigué rien qu'à regarder le type faire. Certes. Je dis pas. Mais Malle aurait coupé une vingtaine de minutes qu'on aurait compris tout aussi bien le message, je pense. Bref, les passionnées de chaînes de montage devraient être aux anges. Les autres, comme moi, devraient trouver la chose un peu longuette et démonstrative (même s'il est bon de retourner 45 ans en arrière pour voir les conditions de travail et les looks à l'arrache eheh) tout en se glorifiant bêtement de ne pas avoir de bagnole.

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