Vive le Tour (1962) de Louis Malle
« Le pire c’est que dès qu’ils voient un vélo, faut qu’ils remontent dessus. »
Ah le tour de France et ses bonnes sœurs et curés qui applaudissent à tout rompre la caravane qui passe comme si les rois mages s’y dissimulaient, ses cyclistes assoiffées (jusqu’à 4 litres de sueur que tu peux perdre en une étape, rends-toi compte, autant que Gols quand il fait la vaisselle) qui s’arrêtent sauvagement dans les bars pour piller des bières (putain, 1962, tu te rends compte, c’était une autre époque !), ses athlètes déchiquetés qui vont jusqu’au bout de l’effort (il est mort sur son vélo comme sur un champ de bataille), ses accidents effroyables avec ce peloton qui tombe comme un château de carte, son doping, aussi, déjà, of course, qui avait encore un nom anglais comme si cela ne concernait pas les Français (on ne sent plus la douleur et on finit comme l’autre par s’écrouler dans le talus les bras en croix), ses poussettes dans les côtes, hein, uniquement pour que les derniers ne reculent pas, ses champions aussi, ah Bahamontès, et pis Poulidor toujours derrière le premier hein, quand même, c’est pas rien tout ça. La foule, les coureurs, ces cris, ce dépassement de soi, ce défilé de maillots, de couleur, cette liesse popualire pour pas cher. Vingt minutes à fond sur les pédales devant la caméra de Louis Malle et sur la musique lyrique de Delerue (qui tente tant bien mal de faire taire l’accordéon – mais putain, va faire taire Yvette quand elle est lancée). Vintage et classique à la fois (the legend of the tour, dans un temps où chacun jouait vraiment pour sa pomme ; c’était quand même aut’chose, nan ?) Le monde du bruit : costaud, bien huilé mais un peu attendu. Une image (d'Epinal) du tour - in the sixties.