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22 janvier 2020

Waves (2020) de Trey Edward Shults

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Vous en connaissez beaucoup des sites, vous, capables de vous proposer deux films de Trey Edward Shults ? Hein, bon, calmé. Ci-gît donc Waves, une peuvre présentée comme une sage contemporaine sur une famille afro-américaine avec des allures de clips mis bout à bout (ça, c'est moi). Le projet n'est pas mauvais en soi : soit donc un fils (musclé, friqué, sportif, bien accompagné avec sa petite bombasse...) élevé par un père dur à la tâche ; leur motto (cher à Gols) : la place de second n'existe pas. Dans la vie, tu es soit premier, soit premier. Oui, pas d'alternative, tu dois te battre, vaincre, et encore te battre. Le fils, forcément, on le sent sur le fil et quand son épaule (la lutte est un sport exigeant, plus que les petits chevaux) se met à déconner (le médecin prêne l'arrêt de la saison immédiate de la saison sportive et l'opération), c'est en fait le début de la fin. Tout tient parfois à un muscle, Gols devrait là encore acquiescer. Il prend des anti-douleur, continue de serrer des fesses mais rien n'y fait : le muscle lâche en pleine compète et cet échec sonne l'hallali dans la vie de ce ganeur ; dans la foulée (quand les malheurs s'acharnent), sa bombasse lui annonce et qu'elle est enceinte et, contre toute attente, qu'elle aimerait garder le gamin... Lui, il explose (un gamin, si jeune, c'était pas prévu au programme !), se prend le chou et comme la fille commence à le snober, il décide, après s'être rempli le nez de poudre, de voir de quel bois il se chauffe - eh là, eh là, sans vouloir spoiler, c'est l'erreur fatal : ce n'est plus une chute, c'est un écrasement... Fin de la première partie, début de la seconde : intéressons-nous maintenant à sa jeune soeur, plus réservée, toute mimie, moins tape-à-l'oeil... Son parcours est beaucoup moins explosif : elle tombe amoureux d'un petit gars tout pudique, un premier amour en sorte comme pour se (re)construire. Bien. Et le pater et sa compagne dans tout ça ? Oulà, ça se fissure, ça se fissure, la petite famille black moderne et successful, a pris du plomb dans l'aile...

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Shults, puisque c'est son nom, n'est pas si malhabile pour faire vivre ces personnages qui, comment dire, ne font pas dans la demi-mesure : le père comme le fils se donnent à fond, dans le sport, dans leurs ambitions personnelles, et l'on voit mal comment ces deux guerriers pourraient trouver des obstacles sur leur route... Tout cela, malheureusment, n'est qu'une belle façade (le muscle cache parfois la misère) et nos deux mâles qui vivent à toute vitesse vont, affectivement, droit dans le mur. le cinéaste, pour illustrer cette montée en puissance et cette descente flamme semble plus du genre à faire confiance en sa bande originale (les tubes s'enchainent) qu'en ses dialogues. Une fois que la situation est posée, il déroule son scénar en soulignant lourdement ses images d'une bande-son sans fin. Un clip ça va, trois à la suite, c'est trop. Il n'est certes pas manchot pour faire des petites prouesses visuelles (il aime les caméras qui tournent sur elle-même, un syndrôme lelouchien jamais de bon augure)) mais l'on sent bien aussi qu'il ne se casse pas beaucoup la nénette pour démontrer son propos. Le jeune homme s'entraine, s'amuse, et déconne comme dans un long clip de rap qui irait de Charybde en Scylla - du bling-bling au cling-cling de la porte de prison... La seconde partie joue un peu plus sur les silences (c'est d'ailleurs pas plus mal parce que les ados échangent des banalités comme les deux Corées les prisonniers), voir sur l'affectif (le vieux con de père cancéreux au seuil de la mort, ça marque toujours des points) mais là encore, dès qu'il tombe sur une musique, c'est reparti pour un long tunnel musical qui n'en finit pas. Du coup, même si cette petite histoire de famille qui implose pouvait être touchant en soi, on n'a tendance à retenir de la chose que ce côté clinquant clipesque et cette morale cucul la praline en diable (plus catholique, tu protestes) : il n'y a que le pardon et l'amour pour sauver les gens, la famille, juré craché. Beaucoup de bruit et d'effort visuel, en un sens, pour un petit discours très étriqués et aussi banal qu'une grève des transports en France. Quelques vagues, peu d'écume.

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