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18 janvier 2020

Bronco Apache (Apache) de Robert Aldrich - 1954

broncoapachebr4

Quel canaillou, ce Burt Lancaster. Même recouvert de trois pouces de fond de teint mat, même abandonné par tous, même privé de chaussures et contraint de marcher sur les cailloux acérés du désert, même menotté, il trouve quand même le moyen de bondir telle une gazelle ivre dans tous les coins de l'écran. Bon, c'est pour la bonne cause : il interprète ici un des "derniers" Apaches, et sa révolte est digne. Géronimo a abdiqué, et son peuple, exterminé puis spolié par l'envahisseur blanc, est déporté loin de ses terres natales. Mais lui refuse la fatalité : seul, il s'échappe du convoi, refait le chemin jusqu'à son Nouveau-Mexique d'origine (un bien long périple), et, malgré l'exemple des pacifiques Cherokees, malgré l'avis de ses frères, malgré sa femme qui voudrait bien qu'il se range des voitures, va lutter contre les Blancs en un combat qu'on imagine désespéré. Entêté et mauvais perdant, ou grandiose et digne ? c'est la question que pose ce film, qui interroge les concepts d'identité et de rebellion, et marque des points au niveau de la réhabilitation des Indiens dans le cinéma hollywoodien.

broncoapachebr1

Si Aldrich se montre ici en metteur en scène assez conventionnel, peu imaginatif et sans relief, il faut reconnaître qu'il assure au niveau de la narration et du rythme global du film. Le machin est mené tambour battant, on ne s'ennuie jamais, c'est agité et plein d'énergie. Ca tient beaucoup, c'est vrai, au jeu de Burt, littéralement survolté : plus athlétique que jamais, le gars franchit des fossés, saute sur des chevaux, chasse des cerfs, construit des cabanes en trois minutes et se bat contre les fâcheux, tout ça en restant toujours photogénique et sans jamais avoir le souffle court, les pectoraux saillants et huilés et la mâchoire serrée ; il insuffle une énergie au film qui est assez épatante, et son rythme finit même par être presque drôle, tant il met environ une seconde et demie pour prendre des décisions et passer à l'action. Le personnage est pourtant toujours très bien construit, et on sent qu'Aldrich n'a pas voulu en faire un héros d'un bloc et sans nuance. Souvent antipathique voire détestable, Massai (c'est son nom), de rebelle au système, devient peu à peu fou, obnubilé qu'il est par ses convictions, et son combat vire peu ou prou au suicide. Son entêtement le pousse à, par exemple, assommer sa femme sous les coups de bâton, ce qui confère au personnage une dose de brutalité et de monstruosité assez forte. En voulant ainsi recréer à l'écart de toute société son monde autarcique, Massai montre son côté autiste, hérité de son absence totale de concessions, et il court à sa perte. Face à lui, sa femme (Jean Peters) est une créature entièrement dévouée à lui, qui se renie elle-même dans son amour : la scène où on la découvre, rampante et mourante après avoir suivi son homme comme une âme en peine, vous fait mal au coeur, promis. Et ce n'est pas la scène finale, qui arrive franchement comme un cheveu sur la soupe, qui rend Massai plus sympathique : même si, sous les effets de sa paternité, il finit par renoncer à son combat sans but, on sent bien qu'il reste un indécrottable maquisard, qui n'écoute personne, convaincu de sa vérité. Un de ces personnages, en bref, qui luttent contre la réalité quitte à se fourvoyer. Pour ce personnage-là, on donnera à Aldrich un bon point à ce western sinon un poil terne.

jean-peters-images

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Commentaires
K
T’entraves que dalle, Brennouillon ! Mais alors niet. <br /> <br /> Traduc’ de terne, pour eux = manque de fayots, de pets et de carrières andalouses.<br /> <br /> Ou alors si ç’avait été Bob Hossein derrière la caméra à la place de Bob Aldrich, peut-être y auraient-ils vu un grand film malade, baroque et incandescent.<br /> <br /> En l’état, bah c’est quand même du sacré beau bois de chêne, ce film. Le préfère même à Fureur, ce Bronco, tout pesé. On y ressent toute la force de frappe du gros Bob mais le poing est noble, svelte, aérien. Comme le guerreux Attaque et le noiresque Kiss Me Deadly à la même époque.
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M
"Un poil terne", ce film....<br /> <br /> Ou faut réviser la luminosité de votre écran.<br /> <br /> Ou alors, oui, vraiment, vous avez de drôles de goûts.
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