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22 novembre 2019

L'Arc-en-ciel éternel (Kono ten no niji) (1958) de Keisuke Kinoshita

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Un film qui commence comme un film de promo pour l'une des industries "motrices" du Japon, celle de l’acier ; dix minutes de présentation des installations industrielles, des différents ateliers de production (ho, des rails de chemin de fer, oh des câbles...) et de ces magnifiques colonnes de fumée de sept couleurs différentes - oui, on n’avait pas les mêmes préoccupations à l'époque. On imagine Truffaut faisant un film sur Michelin. Enfin on pourrait. On ronge un peu son frein en attendant le début du récit. Il faudra encore le ronger un peu tant au départ on a du mal à distinguer les différents personnages, à savoir qui veut quoi, à voir quel est le fil rouge... Les fumées peu à peu s'estompent (même si la campagne de promo continue tout du long : ici les habitations magnifiques pour les employés (des barres en ciment entourées d'herbes malingres : le bonheur brut !), ici le supermarché, ici l'hôtel au bord du lac, ici la piscine...) et on parvient enfin à mettre le doigt sur le prétexte narratif : une jeune femme (la charmante Yoshiko Kuga as Chie avec son petit grain de beauté au bord du pif) a plusieurs prétendants ; le premier, simple ouvrier, l’admire depuis un an ; le second, bureauier et forcément plus éduqué, danse avec elle à la moindre occase… Pour la chtite, comme pour la famille, le choix est vite fait : celui qui a l’avenir le plus prometteur est forcément l’élu. Seulement voilà, ce dernier ne semble pas être pressé de se marier et projette même d’aller bosser au Brésil. Des histoires d’amour qui risquent, se dit-on, de partir en fumée…

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On ne va pas se cacher que les circonstances et la mise en place du récit sont un peu laborieuses. On finit par tout de même par s’attacher aux motivations de chacun des protagonistes. Notre ouvrier, quoique soutenu par un petit jeune qui veut croire jusqu’au bout que ce mariage est possible, prend cela avec une certaine nonchalance comme s’il se rendait compte que l’arc-en-ciel qu’il avait dans sa tête n’était que chimère : cette fille n’est pas de son standing. Le bureauier quant à lui, un peu tête à claques, continue de fréquenter des filles comme si de rien n’était, ne faisant aucun cas de l’une comme de l’autre. Il lui faudra une soudaine prise de conscience pour se dire que la chtite Chie est sans aucun doute la femme de sa vie – mais de façon un peu tardive ; on espère alors que l’ouvrier, honnête et pur, aura gain de cause - mais on est toujours un peu naïf, la preuve il nous est même arrivé par le passé de voter à gauche… La vie, elle, est malheureusement aussi dure que l’acier. Etrange que le choix de ce cadre industriel qui écrase ces individus-fourmis qui l’alimentent. Kinoshita se fait presque un plaisir de toujours mettre une cheminée dans le cadre comme pour montrer que les lieux semblent dominer les principaux protagonistes – mais on est au Japon et non en France et il n’est point sûr qu’il y ait ici une quelconque ironie dans la chose : le travail est inhérent à la vie des hommes, point. Du coup, cette histoire d’amour qui peine à éclore dans ce décor industriel n’en apparaît  que plus tristoune et poussive. Une romance polluée, une démonstration sans doute un peu surprenante aux yeux d’un spectateur européen, mais un film-doc qui finit par lier avec une véritable force un lieu (industriel) et son personnel – un peu « laborieux » disais-je mais conçu avec un joli tour de main.

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