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24 octobre 2019

The ninth Configuration (1980) de William Peter Blatty

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Après le livre d'asile, le film d'asile avec ici un concurrent relativement méconnu (Blatty, trois films à son actif dont deux suites de L'Exorciste) et étonnamment sérieux : il est question d'anciens du Vietnam tous plus ou moins toqués (la bi voire la tripolarisation est au programme...) qui sont placés sous l'égide d'un psychiatre (Stacy Keach, au forceps) on ne peut plus particulier. Notre homme, contrairement aux gardiens qui usent généralement de la manière forte, se met totalement au service de ses patients tous plus timbrés les uns que les autres (un pseudo peintre, un pseudo superman, un type qui revient de Mars, un autre (astronaute de formation et qui est le seul à ne pas être allé au Viet – il a juste refusé d’aller pour sa part sur la lune) qui disserte sur Shakespeare (il prépare d'ailleurs une mise en scène d’une pièce du sieur uniquement avec des chiens...)). A peine a-t-il les fesses dans son bureau, Stacy, que déferlent les uns après les autres ces patients d'une autre dimension. Est-ce que les types feignent leur maladie pour échapper à la guerre ? Le moins qu'on puisse dire c'est que même s'ils font semblant, ils sont pour le moins tous complétement azimutés du cerveau. Cette demeure ricaine aux allures de château des Carpates se révèle un décor de dingue pour un film complétement dingo. On frôle plus souvent qu'à son tour les situations burlesques (bien aimé ce jeu de rôle sur La Grande Evasion - les références cinématographiques sont d'ailleurs légion (...)) mais le fond n'en reste pas moins grave : comment sauver ses hommes quand Dieu semble avoir abandonné les siens, est-il encore possible de se sacrifier (Keach ne recule devant rien, véritable modèle de compassion et d'empathie) pour sauver un être ? On est jamais au bout de nos surprises dans ce film imprévisible qui nous emmène notamment dans un bar des seventies avec des connards de chevelus motorisés plus violents qu’un groupe de Marines ; pas au bout de nos surprises non plus quand on découvre les raisons des cauchemars de Keach... Un monde fou, fou, fou, où l'on se demande si la rédemption est encore possible, et à quel prix.

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Toujours sympa de dénicher des petites œuvres de derrière les fagots (qui date du début des années 80 !) qui se révèlent beaucoup plus tortueuses et originales que nombre de productions de l'époque. Blatty lâche totalement les chevaux dans cette première œuvre habitée et dans laquelle le charismatique Keach se donne corps et âme, se met à nu (sous la moustache mythique, se cache un lièvre). Halluciné devant ces hères jamais à court d'idées pour foutre le bordel dans cette étrange demeure, Keach se montre toujours à leur disposition pour disserter sur des sujets littéraires ou écouter leurs dialogues tirés de films. Le film possède une énergie de dingue, à l’image de ces patients qui se cognent la tête contre les quatre murs : ces pauvres êtres sont-ils vraiment fous dans ce monde qui ne l'est pas moins ? Les raisons de vivre sont-elles de toute façon aussi absurdes et grotesques que ce chien aux allures de serpillère ?... On ne sait parfois plus trop où donner de la tête tant la mise en scène, en perpétuel mouvement, finit par nous donner une sorte de vertige... Keach va jusqu'au bout de sa patience, de sa force, de sa vie pour essayer de jouer un rôle de déclencheur face à ses hommes sans repère aucun : il touchera littéralement le fond avant d'éprouver une sorte de résurrection (son passé revient et ce n'est pas forcément une bonne nouvelle) et prouvera jusqu'au bout son sens du dévouement, du sacrifice pour le coup... Bigarré, surprenant, foutraque, délirant mais avec toujours un petit fond de réflexion. Un film d'asile sur les effets post-Vietnam qui tient le haut du pavé dans les deux domaines.

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Commentaires
M
Blatty est surtout connu pour être l'auteur du bouquin L'Exorciste, dont La Neuvième configuration est d'ailleurs pensée comme une suite spirituelle.
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