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29 septembre 2019

LIVRE : La Chaleur de Victor Jestin - 2019

9782081478961,0-5963383Eh oui, la rentrée littéraire, c'est aussi de jeunes auteurs, des premiers romans... Un camping, un été torride, un cadavre enseveli. Il n'en faut pas plus pour Jestin (écriture limpide, factuelle, sans chichi - ni caractère franchement marqué mais on ne va pas commencer...) pour conter une aventure concentrée sur deux petites journées.

"Les gens ne pouvaient pas partir d’ici sans avoir rien fait, la bite dans la poche, comme disait Louis. Il fallait baiser au moins une fois, même tristement, rien qu’une fois pour rentabiliser les vacances, repartir tranquille, léger, débarrassé."

Ces deux lignes sont presque un condensé de l’état d'esprit de la chose : un jeune gars malingre, peu charmeur, va côtoyer des types aussi jeunes que lui (dix-sept ans, l'âge de tous les espoirs - et surtout du désespoir), qui ne parlent que de cul, et des jeunes filles aussi jeunes que lui qui en parlent peut-être moins mais tout en y pensant autant. Un gentil petit récit d'apprentissage ? Oui, bon, à cela près que notre narrateur, dès les premières pages, a eu la drôle d'idée d'enterrer sous la dune un de ses camarades qui s'était étranglé sur sa balançoire (geste de désespoir justement, ou tentative à la con qui a mal tourné ? - le jeu de mot est cadeau). Toujours-est-il que notre pauvre garçon, pris entre le sourire des filles, la bêtise de ses camarades, l'incompréhension quasi éternelle de ses parents (le père toujours à côté de la plaque, la mère plus finaude toujours à côté de la plaque) et cette putain de chaleur qui monte entre les tentes... Entre ce cadavre sous le sable qui l'obsède et ces jeunes filles sur le sable qui l'obsèdent, notre narrateur traîne sa joie de non-vivre tout au long de ces quarante-huit heures qui n'en finissent jamais (le départ du camping semblant sans cesse remis (grâce à ces parents toujours à contretemps), comme s'il ne pouvait être libéré de ce camp-ing  qu'après s'être dénoncé). Jestin nous fait assez justement toucher du doigt cet état d'esprit plein de contradiction de son personnage (maladroit et charmant malgré lui, fataliste et hargneux le cas échéant), de cet ado-type mal dans sa peau qui tente bon an mal an de s'en accommoder... Un sombre récit d'été d'un âge pas aussi lumineux qu'on voudrait le faire croire. Un petit roman sans prétention mais qui dresse un portrait d'adolescent plutôt crédible (on encourage la jeunesse, hein) - dommage que la fin soit un peu trop attendue et "terre-à-terre" (une fin plus ouverte n'aurait point juré... Après chacun voit etc etc...)

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