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10 septembre 2019

La Désintégration (Raspad) (1990) de Mikhail Belikov

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Gageons que les créateur de Tchernobeuuul, la série, aient vu cette première mouture russe des événements ; on retrouve d'une part une certain esthétique un peu cradingue (c'est la Russie me diront simplement les mauvaises langues…), la plupart des scènes-clés (l'arrivée anarchique des secours, l'évacuation hallucinante en bus, la mission sur le toit de la centrale... - c'est incontournable, continueront-elles) ainsi que le choix de faire un film "choral"... Manque certes tout l'aspect de l'enquête (à qui la faute ?) mais on est définitivement, grâce à la série, déjà en terrain connu lors du visionnage de cette adaptation qui vit le jour quelques années seulement après l'explosion. Belikov décide donc de suivre un peu « au petit bonheur la chance » des familles russes qui vont toutes se retrouver impliquées de près ou de loin dans cet événement imprévisible responsable du bordel du siècle... Qu'il s'agisse de cet homme cocu qui voit sa femme de plus en plus lui échapper, de ce jeune couple en lune de miel qui ne cesse de tourner autour de la zone sensible ou encore ce gamin (pouilleux) laissé sur place après avoir perdu tout contact avec sa mère, il n’est question que de déroute totale, de cataclysme géré de la pire des manières – quelques images subreptices des officiels qui minimisent, mentent et tardent effroyablement à prendre des décisions ou la moindre des responsabilités. S'en suit un chaos absolu avec des morts déchiquetés qui se retrouvent à peine soignés dans des hôpitaux désaffectés, des paysans contaminés jusqu'à la moelle qui errent sur les routes, des personnes en panique qui se pressent dans une gare de Kiev archi-bondée. Chaque personnage, plutôt que de fuir la catastrophe, semble s'enfoncer toujours un peu plus dans la mouise, semble tourner en rond autour de cette zone de cauchemar ; les officiels, aussi invisibles que les particules dans l'air, restent dans l'ombre en assistant impuissant à l'effondrement de tout un système, de toute une ligne politique, de tout un état d'esprit. Le film, qui n'a pas la teinte grisâtre de la série, vire au glauque, à la tristesse absolue à l'image de cette séquence dans l'église où tout part en vrille... Les actes, même les plus héroïques comme la petite virée sur le toit, tournent au pathétisme (ce drapeau rouge qui flotte sur un bâtiment en ruines…) et cette œuvre, malgré parfois un scénario un peu lâche (on perd en route certains des personnages principaux sans vraiment savoir ce qu'ils deviennent), laisse transparaître, sans excès de misérabilisme, le désarroi de tout un peuple face à cette crise plus volatile et incontrôlable qu'une particule irradiée. Rugueux mais avec des accents de vérité (indéniablement)  troublants - et flippants.

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