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3 septembre 2019

Dix petits Indiens (And then there were none) (1945) de René Clair

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Oui, tiens, encore une drôle d'idée que celle, un peu clair-obscur, de choisir un film du gars René, période américaine. On connaît le bouquin d'Agatha Christie par coeur (autant dire qu'on l'a complément oublié - pourquoi on ne se souvient jamais des trois dernières pages ? C'est là que réside, à mes yeux, tout le mystère des œuvres de la dame), on sait que les dix petits indiens risquent bien d'y passer un à un selon la joyeuse comptine annonciatrice, mais on se dit, tiens, pourquoi pas, cela risque peut-être de donner lieu à une sympathique pièce de théâtre vintage. Dix personnes accusées chacune d'un crime par le maître de maison absent, ou plutôt neuf personnes accusées chacune d'un crime par un maître de maison anonyme qui zigouille une à une ses proies, histoires de se prendre pour le justicier divin. On connaît la chanson et les cadavres de tomber les uns après les autres sans qu'on sache réellement qui peut bien être le mystérieux quidam vengeur… « Sans qu'on sache » parce qu'aucun indice ne transparaît jamais avant la chute ou tout simplement parce qu'on s'en fout un peu ? Il y a, dois-je l'avouer un peu perversement, un peu des deux.

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C'est, comme on l'aura deviné au préalable, plus un film de personnages que de metteur en scène (sans faire ombrage au gars René, qui ne se bat d’ailleurs guère sur l’action, tout au service de son scénar). Passons donc en revue la troupe : un juge un peu trop joueur (Barry Fitzgerald, acteur taquin), un docteur alcoolique attirant forcément l’empathie (Walter Huston, plein de verve... mais pas longtemps on stage...), un bellâtre et une gorette (Louis Hayward et June Duprez, un peu ternes), un serviteur plein de morgue (Richard Haydn, sans doute mon favori, finalement, tant le type transpire la peur) et un restant de casting pas franchement marquant. Alors oui, chacun est solidement campé dans son rôle, dans sa profession, mais aucun ne surnage réellement : ce qui fait que chacun reste sur un pied d'égalité et qu'on s’intéresse finalement peu à celui qui sera le prochain trucidé (on attend les cinq dernières minutes, disons-le, un peu mollement). On reconnaît à Clair un certain plaisir à jouer sur le côté voyeuriste et curieux de chacun (les trois personnages qui s'observent par le trou de la serrure, avant de tenter une approche quand la personne observée se déplace - finissant ainsi par provoquer une jolie ronde un poil drolatique) mais il nous alpague jamais totalement par l'aspect noir de la chose, l'humour, l'émotion ou la peur (qui monte pourtant d'un cran à chaque meurtre – comment, pour chacun des invités, ne pas sentir que son heure va arriver dans les prochaines... heures ? On ne peut pas dire pour le coup qu’on assiste à un grand stress…). Le huis-clos n’est même pas étouffant et le décor alentour (on est sur île) jamais franchement exploité. Du coup, on compte les têtes qui tombent tout en réfléchissant à sa journée du lendemain (ah oui, tiens, je vais faire un truc sur les classes grammaticales, ça va les occuper), en attendant un peu impatiemment la fin (non point qu'on soit particulièrement hameçonné mais parce qu'on a surtout hâte de prendre du repos avant une grosse journée - je sais, c'est un peu bas comme argument). Au final, une adaptation honnête d'Agatha (la meilleure me siffle-t-on à l'oreille ? mouarf... je ne dis rien  mais c'est bien parce que j'ai rien d'autre de valable en tête), un gentil petit film (de meurtres) de salon.

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Commentaires
M
Epouvantable, ce film. Un pur pensum. <br /> <br /> Mais qu'attendre d'autre du gros René ?
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