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31 août 2019

Amère Victoire (Bitter Victory) (1957) de Nicholas Ray

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Mine de rien on devrait achever sans même y penser toute la filmo du royal Ray. Nous n'étions pas encore tombés sur ce film de "guerre", guerre, dirais-je, plus en interne, entre deux hommes, que combat entre Ricains et Nazis (qui tombent comme des mouches, comme de simples faire-valoir). L'histoire est simple, a une ligne claire : une femme est aimée par deux hommes, l'un qui fut son compagnon avant la guerre (le burné et buriné Burton), l'autre, plus vieux, qui est actuellement son mari (Curd Jurgens dont la triste ressemblance avec Brice Hortefeux empêche envers lui toute empathie). Forcément, les deux hommes sont amenés à devoir mener ensemble une mission "suicidaire" (récupérer des documents dans le camp de Rommel) : si l'attaque du camp semble une histoire d'enfants, la fuite, dans le désert risque de s'avérer un véritable calvaire, une épreuve de force - ces chameaux de chameaux, prévus au départ pour faciliter la fuite, n'étant qui plus est pas au rendez-vous. Nos deux hommes se jaugent, se jugent, se défient et l'on sent bien dès le départ que seul l'un d'eux pourra s'en sortir indemne... Le bon Richard ou le lâche Curd, là est la question.

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Ray signe une mise en bouche très propre (la racée Ruth Roman prenant un verre avec les deux hommes) mais déjà tendue comme un cuir de buffle. Curd sent bien qu'il n'est pour elle qu'un pis-aller et que toute l'affection de la Ruth reste entièrement portée sur Burton. Il serre des dents, dérape un brin et cette mission tombe finalement à pic pour que les deux hommes puissent en découdre. Curd-Brice se troue dès le départ de la mission en se montrant incapable de tuer un gardien boche ; c'est forcément Burton qui s'y colle et la tension entre les deux hommes est dès lors à son paroxysme : Curd est non seulement mal aimé mais en plus a fait preuve d'une faiblesse impardonnable (lui le militaire de carrière face à cet anthropologue de formation). Seulement voilà, il est le chef et il est prêt à aller jusqu'au bout pour éliminer Burton, le faire disparaître... Il le laisse au cours de la mission seul à l'arrière, en charge des blessés, autrement dit une façon à peine déguisée de le sacrifier. Mais Burton est tenace... Ray filme à la perfection ces deux hommes marchant côte-à-côte dans les dunes, s'embourbant dans leur tourment, se lançant des piques sans même oser se regarder dans le blanc des yeux, gardant en tête la même femme ; plus Burton est loyal, plus Jurgens est petit, mais y-a-t‘il forcément une justice sur cette basse terre ? Le final est terrassant, émotionnellement (trois personnages, trois perdants) et militairement (du non-sens des breloques, Ray bouclant la boucle de son film très intelligemment en ouvrant et fermant son film dans cette salle d'entrainement comme antichambre de la dérision humaine). Futilité de la guerre, exacerbation des sentiments et des egos, personne n'en sort franchement grandi, tous ce petit monde finissant par apparaître comme un petit grain de sable dans l'univers. Un Ray en retrait qui mérite plus que le détour.

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Commentaires
C
J'aurais bien aimé aimer comme vous et la fin semble meilleure que le début (j'ai arrêté au bout de 52 minutes pour "La Cité disparue" d'Hathaway, encore pire).<br /> <br /> <br /> <br /> Il n'y a presque rien de bien dans ce début... L'écriture est complètement dépassée depuis 1920 : tout est fait pour enfoncer le perso de Jurgens et mettre celui de Burton sur un piédestal. Jurgens est un "bureaucrate", froid, carriériste (gros plan sympa de son visage qui s'éclaire quand son supérieur lui fait miroiter une promotion), lâche (la sentinelle) et cynique (il laisse Burton avec les morts). Burton, lui, est presque parfait : archéologue, beau garçon souriant, courageux (la sentinelle) et profond et désabusé (en riant amèrement : "Je tue les vivants et je sauve les morts", trop beau). Il a souvent les répliques qui se veulent spirituelles, Jurgens jamais. Cette façon de faire clignoter "sale con" autour de Jurgens et "surhomme" autour de Burton est une caricature d'affrontement. Et comme par hasard ils aiment la même femme et se retrouvent dans le même régiment (quelle probabilité considérant les dizaines de milliers de soldats anglais de la campagne d'Afrique ?). Elle, trop maligne, préfère Burton, ce qui ne fait encore que renforcer l'opposition idiote des deux. <br /> <br /> <br /> <br /> Ensuite, ce qui lance le film, est une histoire de documents qu'il faut aller voler dans le QG de l'ennemi. C'est juste un prétexte complètement bidon : quels sont ces documents ? On n'en sait strictement rien mais on veut les avoir, c'est super important. Ce n'est même pas un macguffin puisque Hitchcock justifie soigneusement son intérêt pour les personnages. Pourquoi dans le QG d'une grande ville n'y a-t-il que 5 Allemands pour le défendre ? Pourquoi n'y a-t-il pas de rondes ? Tout sonne faux dans cette première moitié du film. Par ailleurs, la mise en scène est plate, d'accord les plans sont larges mais trop brefs et sans profondeur de champ, ne donnant aucune force particulière aux affrontements, il me semble.
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