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25 août 2019

Une Femme cherche son Destin (Now, Voyager) (1942) de Irving Rapper

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Un rôle en or pour la Bette de scène qui peut passer ici de la vieille fille mortifère laide comme une assiette au mur derrière ses lunettes et exhibant ses gros sourcils à la femme fatale qui dévisse. Oui, la pauvre Bette est en cage, petite dernière d'une famille de mâles et tenue sous la férule de sa veuve de mère... Arrive alors le sémillant Claude Rains, un docteur pas comme les autres, qui décide de jeter la belle dans la société mondaine. Paquebot, amour, gloire et beauté pour notre belle transformée avant de revenir au bercail. Bette, loin de dépérir, trouve un nouveau souffle : elle s'occupe bon an mal an de sa mère souffrante tout en flirtant avec un type très plan plan de son milieu... Mais dans ses songes, elle continue de penser à l'homme marié (Paul Henreid, gendre idéal) qui, sur le bateau, allumait tel Sailor, toujours deux cigarettes à la fois : une pour lui, une pour elle, les deux s'aimant malgré tout tout tout... Comme elle ne peut que rêver de lui, elle trouve un minimum de compensation en décidant d'organiser sa vie autour de la fille de Paul, fille à problème dont elle a fait la connaissance dans le centre médical de Rains. Elle aura la fille à la place du père, en tout bien tout honneur... En espérant un bonus dans le happy end ? Pas forcément.

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Sur un air musical inspiré de Max Steiner, on suit les pas de deux de la belle, aimante et lumineuse quand elle se retrouve au côté de son Paul (calme, luxe et cigarette), posée et plus sombre quand elle doit se coltiner les petits problèmes domestiques : sa mère est une plaie mais heureusement, à l'heure de jeu, Bette décide de prendre la chose avec philosophie ; elle continuera de s'occuper de cette chieuse tout en restant sourde à ses paroles vénéneuses... Et laissera tranquillement écouler sa vie, tout d'abord auprès du terne John Loder, puis en se dévouant à cette jeune fille à laquelle elle redonne goût à la vie : une transmission en quelque sorte après avoir vécu le même trauma – difficulté à s’ouvrir aux autres, manque de confiance en soi. Rapper ne cherche pas plus loin que de coller sa caméra aux pas de son actrice, filmant au besoin en gros plan les petites mimiques de la Bette, si forte quand il faut paraître en thon aux petites dents pointues puis, dans la scène suivante, en souriante anguille gainée de noir. Davis livre l'un de ses plus jolis numéros aidée en cela par la complicité bienveillante d'un Henreid d’une sérénité parfaite (j'en ai parlé du coup de la cigarette ?). Rapper ose parfois la comédie (la scène avec le conducteur brésilien qui a dû abuser de la drogue locale...) comme pour tenter de détendre son drame et verser dans la romance plus légère, mais le film reste empreint d'un ton sérieux qui sied certes bien à cette ambiance dramatique (un amour sur lequel il faut s'asseoir) mais qui n'apporte aussi guère de lyrisme à la chose (on ne peut pas dire que l'on ressente le besoin à un quelconque moment de convoquer des larmes...). Joli numéro d'actrice dans un film très sobre et maîtrisé. Un peu trop sobre d’ailleurs bien que nicotiné.  

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