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27 juillet 2019

Du Haut en Bas de Georg Wilhelm Pabst - 1933

duhautenbas

Il y a clairement des hauts et des bas dans la carrière éclectique de Pabst, mais ce film se situant dans sa période faste (celle de L'Opéra de Quat'sous ou de Quatre de l'Infanterie), on est en droit d'attendre une jolie chose. Surtout qu'au générique se bouscule un nombre assez impressionnant de stars et d'acteurs qu'on aime : Jean Gabin, Michel Simon, Peter Lorre, Pauline Carton, Catherine Hessling, le tout Paris populo s'est donné rendez-vous. Pabst se saisit de chacun d'eux pour nous servir un petit scénario sans façon et très pratique pour donner à chacun sa partition à jouer : Du Haut en Bas s'intéresse au quotidien d'un immeuble banal, avec ses mini-drames, ses personnages fantasques et ses secrets d'alcôve. Du joli coeur champion de foot, gentil mais un peu concon, étalon de ces dames jusqu'à la bonne femme de chambre, harcelée par son patron ; du mendiant pathétique (qui continue d'ailleurs L'Opéra de Quat'sous, avec son pantalon qu'il déchire volontairement pour arracher la pitié des braves gens) au joueur ruiné ; de la grande bourgeoise sévère à la bonne à bon sens ; du concierge délateur à la grisette nymphomane ; on a droit à un petit tour de tous ces individus tour à tour pathétiques et grandioses, traçant au bout du compte un certain état de la société à un temps T. Société d'ailleurs un peu floue quant à sa situation : on est typiquement en France, avec ces accents gouailleurs et sa friponnerie, mais on nous parle de mutations à Salzbourg... difficile de se situer, et on mettra ce flou sur le compte de la double nationalité de Pabst.

Du_haut_en_bas

En tout cas, le film donne une vue en coupe de la population française d'avant-guerre, plus préoccupée de qui couche avec qui ou qui va gagner le match de foot que de politique. Si le film a une surface bien innocente, on peut sentir, en creux, quelques thématiques plus sombres, quelques portraits emblématiques du triste sort où vont se jeter bientôt l'Europe et le monde. On ne m'enlèvera ainsi pas de l'idée que ce patron qui exerce son droit de cuissage sur son employée ou ce concierge qui balance la bonne soit-disant hors-la-loi annoncent les tristes comportements prochains. Bon, on aurait tort pour autant de prendre cette petite chose pour un brûlot politique : l'important est la douceur de vivre qui se dégage de cette chronique croquignolette, le côté communautaire et fier de l'être, cet aspect vie quotidienne avec ses rires et ses larmes (les larmes n'étant jamais très graves). Chaque comédien a sa petite heure de gloire, et si Gabin, pour cette fois, est étrangement caricatural et mal à l'aise, on apprécie de retrouver Michel Simon en anar ruiné, enfermé chez lui pour éviter de croiser sa logeuse, se nourrissant aux dépends des voisins qui lui envoient des saucisses par-dessus son balcon, furieusement anti-bourgeois (sa diatribe indignée pour défendre la bonne sur la fin est assez marrante) et comme toujours bavard comme une pie. Pabst réussit parfaitement son montage, alternant les anecdotes et les caractères dans un tout très cohérent, et livre un petit machin sans vraie envergure, mais assez charmant, qui fleure bon un certain cinéma disparu, et annonce sans presque le vouloir la catastrophe imminente. Pourquoi pas ?

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