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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
3 juillet 2019

Le Récif de Corail (1939) de Maurice Gleize

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L'ancêtre de Quentin Dupieux s'appelait Maurice Gleize et... non, je déconne, nous voici bel et bien dans le bon vieux patrimoine français, celui du temps des Gabin, des Morgan, du filmage à la papa et du dialogue réaliste sobre (Spaak). Ce film est un peu oublié, fut perdu même et aurait pu gagner à le rester si ce n'était la présence des deux « monstres », Gabin (il tue un homme, fume une clope, reste zen et finit par se barrer, tout le destin du monde sur le dos - c'est les cinq premières minutes et ça sent déjà le sapin), Morgan (elle a dû s'en prendre, tout au long de sa carrière, des spots dans la tronche, pour faire ressortir à ce point ses yeux translucides en noir et blanc). On s'attend forcément à la rencontre programmée, on devra patienter une heure (je vous conseille la barre de céréales et le Gatorade, c'est un peu éprouvant) : Gabin fuit ce meurtre (il est alors à Brisbane, le bougre), se retrouve embarqué sur un bateau, hésite à descendre dans une île paradisiaque (c'est bon de fuir la civilisation et de vivre avec "les sauvages" lui dit alors un Anglais - oups, on est en 39), se rend finalement au Mexique (embringué qu'il est, malgré lui, dans un trafic d'armes) et revient à la case départ... Un petit semi-tour du monde pour rien... Ayant peur du commissaire local (c'est bêta de revenir au seul endroit où il est recherché...), il part dans la cambrousse australienne et croisera, là, dans une cabane de bric et de broc, au bord d’une rivière, la môme Morgan. T'as une belle salopette qu'il lui dit, elle sourit, est timide comme une crevette... Ça se fait des gentillesses, ça se rend des services, ça sympathise tranquille, ça tombe doucement amoureux en silence, jusqu'à l'arrivée du commissaire... Le hic, c'est que ce n'est pas forcément la personne que l'on croyait qu'il cherche (LE twist que je nique un peu, c’est vrai, mais c'est de bonne guerre : plus personne ne vient encore s'échouer de nos jours sur ce genre de corail cinématographique)... On aura encore droit à des malheurs (et la Michèle qui tombe malade popopoh) mais on sait bien qu'au bout du compte, il l'emmènera vivre sur son île. Dommage d'ailleurs que la fin soit balancée en deux minutes, on aurait presque voulu (c'est un peu du vice) voir nos deux monstres s'embrasser sous un cocotier avec un collier de fleur - quitte à tomber dans les clichés, hein...

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Bon l'analyse va être rapide : Gabin balance ses répliques avec un nonchalance et une décontraction absolues (on pourrait lui couper la tête qu'il garderait son air débonnaire et continuerait à dire "ouais" tout en fumant sa clope), Morgan nous la joue tout en faciès éclairé par les watts et en bonhommie fragile (si elle, elle a tué, moi je joue au golf), et la photo (honnêtement) rénovée donne droit à deux-trois moments assez sympa (Gabin sur les quais, en nocturne ; Gabin et Morgan faisant leur linge et au milieu coule une rivière ; Gabin et Morgan s'avouant enfin leur amour avec des étoiles dans les yeux - c'est LE soulagement, le film touche à son but). Gleize nous laisse forcément un peu de marbre au niveau de la mise en scène mais on savait aussi à l'avance (et donc on ne se plaindra point) où on mettait les pieds en se frottant à ce patrimoine oublié et oubliable. Pour le plaisir de ce vieux couple alors si jeune... mouais... 

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