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2 juillet 2019

Le Jardin des Femmes (Onna no sono) (1954) de Keisuke Kinoshita

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Ce n'est pas parce que pour certains l'école est finie (branleurs) qu'il faut faire l'impasse sur des films en milieu scolaire. Je gardais sous le coude cette œuvre de Keisuke Kinoshita, un peu plus longue que la normale (2h20), mais avec la délicieuse Hideko Takamine (oui, reconnaissez aussi qu'elle vous a manqué). Il est simplement question ici de rébellion, une rébellion au sein d'une école de jeunes filles drastiquement tenue en ces années d'après-guerre. Certes, il ne faudrait pas que la morale nippone parte à vau-l'eau mais faut-il pour autant donner aussi peu de liberté à ces donzelles ? Les jeunes filles, en fleur, se révoltent, forcément, qui pour un mec, qui contre des parents trop couillons, qui contre un système corrompu, qui contre des responsables scolaires avec un balai dans le cul (Mieko Takamine, le visage en cire), qui contre l'ensemble de ces éléments... Yoshiko Kuga (Akiko), fille d'une famille richissime, est l'une des meneuses et des plus motivées – et ce même si sa révolte sent, au départ, un peu le caprice de la gamine née avec une cuillère en argent dans la bouche. Nonobstant, elle titille ses camarades et fait souffler un petit vent de révolte dans l'établissement. Deux donzelles, en mal de liberté dans leurs relations sentimentales, se font également remarquer ; l'une d'elle est notre chère Hideko Takamine qui trime dans ses études (elle les reprend après avoir bossé trois ans) mais qui surtout tente d'échapper aux desiderata de son père qui veut la marier contre son gré... Sporadiquement, elle quitte le bahut en catimini pour aller rejoindre le jeune homme de sa vie... Jusqu’à quand ? Avec toutes ces tensions de part et d'autre, on sent venir le drame gros comme une maison...

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Kinoshita nous immerge pendant toute la première heure, quasiment, dans cet établissement scolaire et l'on deviendrait presque aussi claustro que les donzelles... Quand, enfin, pendant les vacances, on découvre, avec elles, d'autres visages, d'autres personnes "libres", on souffle de répit. Faut dire que, passer son temps sous le regard laser de Mieko Takamine, c'est pas vraiment la fête du slip... Morale, rigueur, garçons diabolisés, on se croirait revenu au Moyen-Age. Certes la société japonaise connaît une période qui part un peu en vrille, mais là, ces pauvres gamines, on en fait des robots ménagers sur pattes... Hideko respire en se baladant avec son beau mais on sent au cours de leurs discussions que le pessimisme plane ; notre chère héroïne incarne (une habitude) une véritable figure féministe cherchant à tout prix son émancipation mais dans cette ville de Kyoko, le moins qu'on puisse dire, c'est que les héroïnes sacrifiées, de par le passé, semblent fleurir... Et il se pourrait bien qu'elle en fasse à son tour les frais... Une école qui fouine dans ses lettres, un père sans affection pour sa progéniture, on sent que tout est fait pour que l'Hideko finisse à bout... La première fois qu'elle se sépare de son mec (elle en haut d'un château agitant un mouchoir blanc, lui en queue de train agitant un mouchoir blanc), on sent toute la passion de ces deux individus qui ne peuvent se dire au revoir qu'à plusieurs kilomètres l'un de l'autre (c'est totalement improbable - impossible pour l'un de voir le mouchoir de l'autre qui s'agite, il faudrait une vue de linx, mais c'est d'autant plus déchirant - la musique, en rajoutant des caisses, que dis-je, des wagons). La ferveur des unes (on va tout péter) ne suffit pas à rassurer notre désespérée qui risque bien au final de faire grosse connerie. A qui la faute ? N'essayez même pas de croiser mon regard. Un beau plaidoyer pour l'émancipation féminine et une œuvre (sans doute moins prenante que je pensais mais ne soyons point pointilleux) de Kinoshita qui montre une nouvelle fois son attachement à ces figures féminines en lutte contre un monde (de mâles mais pas que) aveugle.

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