LIVRE : Court vêtue de Marie Gauthier - 2019

Marie Gauthier, pour son premier roman, s'essaie également à son tour au récit d'amours adolescentes. Un garçon de quatorze ans est en stage chez un cantonnier (l'homme au mégot...) pas vraiment jouasse ni bosseur comme vieux type alcoolo (quand il s'arrête au bord de la route, c'est généralement pour se taper une petite sieste). Heureusement pour le gars Félix, il y a dans cette maisonnée la chtite Gilberte, une gorette qui bosse dans une supérette et dont les gambettes illuminent les journées de notre puceau... Et sinon ? Ben sinon, force et d'avouer qu'il ne se passe pas grand-chose. On comprend que Gil, peu farouche, se tape un peu tous les mâles des environs (elle teste, sans passion, sans gloire, sans amour - tristement en un sens) et que le pauvre Félix ronge son frein... Gauthier trousse de courts paragraphes sur des journées un peu mornes, et des coucheries un peu borgnes qui restent méchamment pudiques. Contrairement à un Villemain qui dans Mado osait traiter son sujet à bras le corps, là on reste dans la distance, dans la pudibonderie presque et on se demande un peu où Gauthier veut nous mener. Même si la lecture (rapide) ne prend pas la tête, que la prose est légère, on tourne un peu rond à découvrir notre Félix constamment à l'affût d'une partie du corps dénudée de son fantasme, de petites discussions sur des riens avec son aimée rêvée (et par trop absente) - Gil, en effet, pendant ce temps, court vêtue et sans âme, se donne à tous les types un peu entreprenants et on se dit que cela risque de mal finir... Il y aura bien un jour où, oui, et puis un événement fatal pour clore cet été, oui, mais franchement pas de quoi se vriller la tronche. Le récit d'une obsession adolescente traitée avec un tact un peu plan-plan et une pudeur un peu molle. Un petit rayon de soleil vite ombragé en un sens et une lecture qui ne devrait pas laisser plus de trace dans notre esprit qu'un arc-en-ciel délavé. Un peu trop court, c'est ça, comme disait ma grand-mère.