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7 juin 2019

Monsieur (Sir) de Rohena Gera - 2018

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Énième film exotique au goût mondialisé. Parfois ça se passe en Afghanistan, parfois au Zimbabwe, parfois au Maroc, mais il importe de toujours montrer que la vie est dure, et il importe toujours que le public européen compatisse au sort de ces femmes battues, épouses opprimées, prolos spoliés, enfants exploités et plus si affinités. Compatissons donc cette fois-ci encore : c'est en Inde, à Bombay, et une jeune femme est engagée comme domestique pour un "Monsieur" pour qui la vie en ce moment n'est pas rose : à deux doigts du mariage, il a découvert l'infidélité de son épouse et a annulé la cérémonie. Il se retrouve donc seul et mélancolique dans sa grande maison, et pousse des soupirs sous les yeux de notre servante, qui devient peu à peu écarlate sous le charme de Monsieur. Lui n'est pas en reste non plus, mais mais mais dans ces pays-là, Monsieur, on n'aime pas les gens d'une caste inférieure, et leur amour est impossible. Tout le film va consister en la révolte silencieuse de Ratna, qui va ou pas accepter d'aimer enfin cet homme et de l'appeler par son prénom. Ce suspense insoutenable se déroule dans la tiédeur d'un cinéma accessible à tous, pas dérangeant pour un sou pour les petites vieilles qui en sont le principal public, avec juste ce qu'il faut de dépaysement (la musique bollywoodienne, les jolis saris colorés) et de finesse (quand on se touche la main en Inde, c'est l'équivalent d'un fist-fucking en France). C'est bien joli ces vignettes édifiantes tout en dépaysement et en pudeur, c'est bien triste cette pauvre petite femme qui apprend à lutter contre sa condition un peu malgré elle, c'est bien digne cette servante qui découvre qu'elle est femme avant tout, et on se dit que nom de nom y en a marre de ces femmes exploitées dans le monde et que l'amour, quand même, ça devrait être plus fort que les barrières sociales, merde alors. De quoi taper du poing à la sortie de la salle, et se sentir revigoré par notre moralité.

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Bien. Ne soyons pas trop dur. Le film est pas si mal, et si vous n'êtes pas trop regardants sur les péripéties d'un scénario dont la moindre péripétie se devine un bon quart d'heure avant que notre candide héroïne ne la subisse, vous pourrez passer une heure et demie déconnecté de votre morne quotidien. L'actrice principale est vraiment bien, et joue avec finesse ces petites aventures cousues de fil blanc. Gera ne tombe jamais vraiment dans le mélodrame larmoyant, préférant le non-dit et la suggestion aux grands cris d'oies. Le vrai gros souci dans ce film, c'est la mise en scène, vraiment affreuse, avec cette caméra dont on dirait qu'elle n'est jamais au bon endroit, avec ces dialogues mal filmés, avec ces sorties en ville montées à l'arrache. Le chef-op est un pur assassin, et cette image hideuse, qui témoigne certes d'un budget serré, mais aussi d'un vrai manque de savoir-faire, aplatit toutes les couleurs. Et ce filmage cheap à la caméra DV de 1982 n'arrange rien à la chose : aucune profondeur de champ, tout est au même niveau, je dis berk. Au total, eh bien on est un peu déçu : scénario attendu et oecuménique, filmage dans les choux, tendance certaine à n'exister que pour les ciné-clubs de province française, on a le droit de passer à autre chose et d'oublier ce bazar.

Monsieur est édité en DVD et VOD depuis le 4 juin par Diaphana Edition Video (le site et la page Facebook de l'éditeur).
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