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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
28 septembre 2019

Sibyl de Justine Triet - 2019

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Rhhaaaaa ça y est, Justine Triet est passée du côté de l'axe du Mal. Après le sympathique Victoria, qui savait inventer de jolis dialogues et diriger les acteurs avec finesse, la voilà qui nous revient par un côté qu'on n'attendait pas (mais qu'on redoutait, il faut bien le dire) : le drame psychologique avec femme forte en larmes. Oui, ça fait peur. Et ça fait encore plus peur quand vous découvrez Sibyl, longuissime pensum torturé sur une psy qui a trop mal et qui pleure. Soit donc la grande Virginie Effira, qui joue pour le coup comme un cochon, psy tourmentée parce qu'elle voudrait écrire un bouquin, qu'elle doit se séparer de ses patients et que son mec l'a quittée parce qu'il voulait l'aider, ou qu'il ne voulait pas l'aider, je sais plus. Elle pleure. Heureusement arrive la cliente ultime (Adèle Exarchopoulos, au-delà du mauvais avec ses mines et ses sanglots), qui pleure parce qu'elle est enceinte et qu'elle est amoureuse d'un comédien maqué (Gaspard Ulliel, à chier, qui fait très bien ressortir sa tête d'abruti). Peu à peu, en même temps que cette fille devient le sujet principal de son roman, la psy prend de plus en plus de place dans la vie de l'actrice, jusqu'à intervenir sur son nouveau tournage en tant que conseillère, puis en tant que messagère entre l'actrice et le reste de l'équipe, puis en tant que réalisatrice venant suppléer l'officielle (Sandra Hüller, la seule qui s'en sort bien dans le bazar). Le tournage est aussi pour elle l'occasion de pleurer un bon coup parce qu'elle est loin des hommes qu'elle aime ou parce qu'elle a une chambre sur la mer, ou parce qu'elle picole, enfin je sais pas.

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Le maquilleur s'éclate à rendre Effira de plus en plus blême (ah la vache, ça c'est de l'abnégation), le costumier à mettre en valeur les talents d'Exarchopoulos (ses seins), le coiffeur à travailler pour Virginie une coupe "sortie de douche" du meilleur effet mais un peu incompréhensible, le chef-op à tenter une lumière qui évoque Le Mépris, et la réalisatrice à trouver un liant à tout ça. Mais rien n'y fait : plombée par ses comédiens affreux (longtemps que je n'avais pas vu un tel plantage, jusqu'aux figurants qui semblent posés là au petit bonheur), par des faux raccords aberrants, et par un scénario effarant de vacuité, Triet s'enfonce progressivement dans le grand n'importe quoi. Je n'ai pas compris une ligne de cette histoire, tellement illogique que je me suis dit à un moment qu'on était dans un truc à la Buñuel, et qu'on allait avoir droit à un twist final nous disant que tout ça était un rêve ou un film dans le film ou une parodie de drame bourgeois ; mais visiblement, non : on est bien là dans ce que le cinéma français fait de pire, rendre compliqué ce qui pourrait être simple, filmer avec mille convulsions d'animal blessé une historiette qui aurait pris un plan à John Huston. De ce fatras psychologique assommant émergent quelques scènes parfois un peu plus regardables, justement celles qui assument un certain aspect comique, qui pulvérisent un peu le sérieux mormoréen de l'ensemble : les séquences de tournage. A part ça, et à part (notons-le quand même) une scène de cul assez bien filmée, on n'aura droit à rien d'autre qu'à des scènes fatigantes où Melle Effira pleure, où Melle Exarchopoulos a la morve au nez, et où Mr Ulliel s'efforce de retenir son texte. C'est d'autant plus énervant qu'on ne sait pas pourquoi ils font tout ça. Je dois pas être équipé pour ce genre de trucs... (Gols 31/05/19)

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J'étais persuadé que le gars Gols avait exagéré dans sa petite chronique sachant qu'il n'a jamais eu de coeur pour le drame estampillé "qualité française". Il est, avouons-le, presque trop gentil. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas tapé a French production où les acteurs, à chaque scène, soit se plaignent, soit pleurent, soit trouvent la vie trop dure, soit voudraient tout arrêter, soit picolent... Ici c'est un festival. Gols en a mis une couche sur le jeu d'acteurs, je n'y reviendrai pas, simplement pour dire qu'on peut parfois être d'accord : c'est insoutenable ; la palme à Ulliel qui n'a pourtant rien à jouer et qui parvient quand même à être affreux ; un mâle alpha, une psy déprimante et déprimée, une jeune actrice dépassée, une réalisatrice au bord de la crise de nerfs... Quand le cinéma français regarde son nombril, on aboutit franchement à ce qu'il y a de pire dans l'hexagone. Le montage, qui se veut fiévreux, hectique, n'aboutit qu'à un brouillage de piste à la con (les flash-back sur son ancien amant qui tombe comme un poil au milieu de la bisque) et certaines séquences paraissent en effet souvent avoir été montées dans le désordre... Mais non, on n'est pas chez Buñuel, bien dans un film français premier degré qui se prend diablement au sérieux et qui était déjà imbuvable au début des années 80 ; que ce genre de film boiteux et larmoyant représente la France à Cannes en dit long sur notre manque de créativité, notre gentil aveuglement au monde alentour. Même pas sybillin juste lumineusement sot et vain. (Shang 28/09/19)

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Commentaires
S
La scène dans laquelle Gaspard Ulliel se prend quinze baffes est une véritable catharsis. Justine Triet aurait dû imiter Sandra Hüller : quitter le navire et rentrer à la nage.
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H
Quand j'ai vu la bande-annonce de ce film, je ne suis pas du tout (mais vraiment pas du tout) parvenu à savoir s'il s'agissait d'un drame comique, d'une comédie dramatique, d'un film franchement ironique ou de comique involontaire. Ça aurait pu exciter ma curiosité — mais non, finalement.
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B
Merci, les Gars, d'avoir fait le boulot et d'avoir descendu ce film nullissime, vraiment à ch... qui me fait honte du cinéma français.
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M
Mais tellement !!! Mdr en vous lisant 😏
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