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27 avril 2019

LIVRE : Les Chiens de Chasse (Jakthundene) de Jørn Lier Horst - 2012

9782072840586,0-5633038Le livre est ceint d'un bandeau "sacré meilleur auteur de polar norvégien", mais c'est bel et bien un des plus mauvais polars que j'aie lus ces dernières années. On dirait que Horst a récupéré tout ce qui faisait la gloire il y a 20 ans de ses maîtres et compatriotes, les Mankell, les Nesbo, et qu'il les recycle en les affadissant complètement, en balançant aux orties tout ce qui faisait la qualité de ceux-ci : une trame tendue, quelques personnages assez forts, une manière de revenir au polar traditionnel tout en modernisant le genre. Bon, c'est vrai que la mode des nordiques passe un peu, mais on peut trouver encore un certain plaisir à lire un Mankell. C'est sûrement ce que s'est dit Horst, qui nous pond ce livre sans rythme et sans style mais qui marche sur les pas du gars Henning. Le catalogue des éléments attendus attachés au genre est impressionnant : le héros est un inspecteur solitaire que sa femme a quitté, et qui trouve dans les bras d'une autre femme pas très aimante une maigre consolation ; sa fille est une journaliste frondeuse, prête à mettre son nez dans les endroits les plus dangereux pour obtenir son scoop et faire la vérité ; et l'affaire est une vieille enquête de 17 ans, qui tourne autour de l'enlèvement et du meurtre de trois jeunes filles, affaire au cours de laquelle des preuves auraient été fabriquées pour accuser le suspect idéal et pratique. Le brave inspecteur Wisting, qui dirigeait l'enquête, est soupçonné de fraude, et il lui faudra remonter les pistes ignorées jadis et trouver le vrai coupable pour laver son honneur et retrouver sa carte de police.

Cette réhabilitation mollassonne va prendre 460 pages de texte sans rythme, sans vie, sans événement, où Horst décrit façon "Inspecteur Derrick" tous les faits et gestes de son héros, quitte à tomber dans l'inanité totale. Le gars, dans une enquête aussi passionnante qu'un 15 août, contemple des documents, cherchant dans les procès verbaux le détail qui lui aurait échappé, et on ne nous épargne rien de ses tergiversations. Heureusement, sa fille est plus intrépide, se livre à des filatures et des recherches sur le terrain un peu plus agitées ; mais là aussi, on a droit à une longue, très longue, liste d'actions sans intérêt (un voyage en Suède notamment, pour récupérer une enveloppe, qui prend 40 pages, et qui se conclue par... la récupération d'une enveloppe). Les deux héros n'étant jamais en danger, on se tape un peu de ce qui leur arrive, et on passe son temps à relever les défauts du texte : une façon très floue de commencer chaque chapitre par des notations météo insignifiantes (comme pour planter des atmosphères, mais ça ne suffit pas) ; ou une propension assez étrange de faire boire du café à ses personnages (on compte une bonne trentaine de cafés ingurgités dans le bouquin), ce qui a le mérite d'occuper cinq ou six lignes à bon compte. Le truc aurait ou être bouclé en trente pages, il faut tout un livre à Horst, décidément ennemi de l'ellipse ou du rythme, pour arriver à son dénouement, aussi renversant que la fin d'un téléfilm de France 3. Si c'est ça le renouveau du roman norvégien, je vais peut-être me mettre à lire des italiens, moi.

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