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26 avril 2019

Le Survivant des Monts lointains (Night Passage) de James Neilson - 1957

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Curieux de voir combien un western qui, sur le papier, a tout pour plaire peut se réveler aussi plat au final. On fait des petits bonds de joie au départ à l'idée de se taper un film avec James Stewart et Audie Murphy, dont la bande-son est signée Tiomkin, et dont le budget s'avère assez conséquent pour qu'il puisse échapper à la série B ordinaire. On attaque donc la chose avec la bienveillance de rigueur, d'autant que nous est présenté dans les premières minutes un James Stewart inhabituel : ancien agent du chemin de fer chargé de sa sécurité, il s'est fait virer après avoir laissé s'échapper un bandit notoire, Utica Kid, et depuis il traîne sa misère en suivant le rail, jouant de l'accordéon pour divertir les ouvriers. Stewart en gueux, en modeste, en loser, il fallait oser, et d'ailleurs le comédien est assez mal à l'aise dans le rôle, ne pouvant s'empêcher d'ajouter du glamour à son petit mec sans envergure. Mais ça permet quand même de voir l'acteur un accordéon entre les bras, et rien que pour ça... La photo est magnifique, et même si les transparences piquent un peu les yeux, on suit agréablement la chose dans sa première bobine. Jusqu'à ce qu'on se rende compte que le scénario est tout bancal : il paraît que Mann a refusé de faire le film quand il a lu le scénario, et on le comprend. Stewart se voit confier le transport de 100000 dollars dans un train, alors que plus personne ne lui fait confiance, alors qu'il a trahi la communauté, alors qu'il est plus que louche, et ça passe crème. Le voilà embarqué pour un voyage à haut risque, accompagné par un jeune gars à qui il confie (ben voyons) le fameux magot. Entre temps, il aura croisé une petite vieille madrée, qui n'aura aucune espèce d'importance par la suite, si bien qu'on se dit que le film a dû être monté au petit bonheur, et que l'histoire a dû être saucissonnée dans tous les sens.

critique-le-survivant-des-monts-lointains-neilson2

On commence donc à tiquer, d'autant que le film manque sévèrement de nerfs, que les bagarres sont dirigées à la truelle (des figurants qui se roulent par terre sans raison), et qu'on n'a toujours pas vu Audie Murphy. Il arrive enfin au bout d'une bonne demi-heure de jeu, et je reconnais que sa première apparition marque des points : une plongée, un costume de cuir noir magnifique, tout à coup le vrai héros entre dans le champ. Son personnage est beaucoup plus convaincant que celui de Stewart, et beaucoup plus ambigu : sans révéler les liens qui unissent les deux hommes, disons qu'il a choisi le mauvais côté de la barrière, s'est associé avec les hors-la-loi mais ne cesse de titiller de façon suicidaire le chef de la bande (Dan Duryea, too much et pas dangereux), comme si en lui luttaient bien et mal, comme si la pulsion de mort le guidait. La rencontre entre les deux légendes du western se fera bien, dans des scènes honnêtes mais pas à la hauteur de l'enjeu : Neilson passe à côté de la chose, empêtré qu'il est dans son scénario rocambolesque, oubliant de diriger ses acteurs. Heureusement la dernière demi-heure est un peu plus fun, le gars s'attelle enfin aux scènes d'action avec un certain allant : la fusillade dans la montagne, protégé par des wagons de mineur, est très graphique et très jolie, même si on rêve qu'une balle perdue vienne achever la vie de ces deux oies que le gars a choisies comme interprètes féminines (elles sont nulles). Au final, on sort avec un sentiment plutôt satisfaisant, à cause de ce final (d'autant qu'on se demande bien qui le film va sauver, de Murphy ou de Stewart), mais avec le souvenir d'un film tout bancal, mis en scène au plus rapide et très poussif dans sa première heure. Bof bof.

Elaine_Stewart-James_Stewart_in_Night_Passage_trailer

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Commentaires
H
Vi vi , bien sûr... mais enfin... James Neilson... hein, James Neilson... vous connaissiez ce nom, vous ? Savez d'où qu'y sort, ce bignole ? Comme qui dirait, y a pas que le raisin, la météo et le bois du tonneau, y a aussi le vigneron.
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