Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
24 avril 2019

LIVRE : Raw Power - Une Histoire du Punk américain de Stan Cuesta - 2015

9791027800292,0-2690079Un petit tour dans les années 70 mené par le plus discret des journalistes rock, le genre de bon vieil érudit qui ne se la pète pas, ça fait du bien. Cuesta revient donc sur l'avènement de ce mouvement plus ou moins flou, le punk, qui contrairement à ce qu'on pense n'est pas né en Angleterre mais aux States, avant d'être copié par les Anglais, eux-mêmes à nouveau copiés par les Américains. Compliqué. Comme est compliquée d'ailleurs la définition exacte du terme "punk". Le livre en donne une pas très nette, mais il faudra s'en contenter : c'est un mouvement contestataire, constitué de jeunes gars foutraques qui ne savaient pas jouer de musique mais qui s'en foutaient, et qui misaient tout sur la posture et sur la sincérité de leur travail. Ça a donné quelques moments assez fumeux, catastrophiques au niveau musical, mais tellement nouveaux et purs qu'on a fini par admettre cette nouvelle vague et même par reconnaître l'influence totale de ces groupes sur l'histoire de la musique. Par les faits, en relatant dates et titres d'albums, Cuesta évoque donc ces glorieux gratteux tout maladroits mais très expérimentaux qui ont creusé le sillon de ce nouveau rock, crasseux, bancal, mais flamboyant : bien sûr, les Ramones, les Stooges, Television, le Velvet Underground ou le MC5 figurent en tête de gondole, mais le livre sait aussi s'attarder sur ces groupes obscurs, souvent auteurs d'un seul single (voire d'aucune vraie publication), mais qui ont fait bouger très légèrement le curseur du mouvement punk, comme les Voidoids ou The Seeds. Tous ont en commun cette formidable liberté, ce côté éphémère aussi (aucun n'a vécu bien longtemps, sauf les Stooges), un aspect "Do it yourself" qui a sorti la musique rock de l'ornière des grands techniciens (Clapton est l'ennemi déclaré du bouquin), l'a orientée vers l'amateurisme et a fini par produire quelques tubes imparables.

Le livre est peut-être un peu sage compte tenu de son sujet. Cuesta manque de toute évidence de style, il cite Lester Bangs à plusieurs reprises mais ne lui arrive pas à la cheville. On regrette un peu que Raw Power ne soit que ça, une liste chronologique de groupes et de morceaux, regroupés par villes ou par époques, et qu'il ne tente pas la critique ou la subjectivité. Mais après tout, ce n'était certainement pas le but, et Cuesta a voulu faire une sorte de résumé historique de la chose, ok on prend. On apprend plein de choses, on note les petites nuances entre chaque groupe, on découvre l'importance de l'orgue ou du club BCBG dans le punk, on mesure l'influence du be-bop, de la musique expérimentale, du jazz (ou de Hasil Adkins, que je découvre à l'occasion, merci Stan) sur le mouvement, on s'instruit avec son ordi à portée de main pour écouter tous ces groupes parfois obscurs auteurs de titres fulgurants et ponctuels, et on cherche aussi ce que la musique rock actuelle doit au punk. Cuesta évacue Nirvana ou les White Stripes de la chose, s'il lit ce blog, je veux bien savoir pourquoi : oui, on est parfois étonné d'y voir figurer certains groupes (Blondie ? The Offspring ?) et de ne pas trouver la trace d'autres. Mais c'est le petit jeu du parti pris. Au final : un bouquin intéressant, qui manque un peu d'écriture mais qui vous donne l'occasion de réécouter quelques tubes imparables ("Personality Crisis" de New York Dolls entre autres, mon nouvel hymne). Rock'n roll is not dead.

Commentaires
Derniers commentaires