Un Amour impossible (2018) de Catherine Corsini
Christine Angot via Corsini se défait de ses maux, de ses mâles (de façon trans-générationnelle) et le moins qu'on puisse dire devant ce petit exposé c'est que la vie de sa mère, en particulier, a été chargée en malheurs plus ou moins digérés, plus ou moins digérables... C'est Virginie Efira qui se charge de ce rôle de mère courage avec une belle vivacité quand elle fut jeune, et une certaine crédibilité quand elle fut vieille (un "maquillage vieillissant" pour une fois assez crédible... Après, Virginie reste pour sa part relativement crédible tant qu'elle ne marche pas. Bref). Imaginez du peu : aimer un homme, tomber enceinte et se faire quitter (on reste dans la moyenne, jusque-là). Virginie continue d'y croire (elle veut que le père reconnaisse au moins la gamine), ne voit le pater que sporadiquement (il est contre le mariage, guère intéressé apparemment par les enfants), élève seule sa gamine (Christine Angot, donc, dit Chantal), change de boulot, déménage, fait sa vie en solo après cet amour déçu dont elle ne se remet pas... Puis elle apprend que le père de sa fille s'est marié et elle doit se battre comme une hyène pour que ce dernier reconnaisse enfin sa fille à la Mairie. Ok. Il le fait. Finalement. Il est même prêt à s'occuper d'elle les week-ends... Ce sera le double effet kiss pas cool : non seulement la chtite Chantal relègue un peu sa mère au placard puis la mère, bien plus tard, bien trop tard, apprendra que le père fut un peu trop proche de sa fille, je ne vous fais pas de dessin, c'est l'horreur... Virginie, après ses petites épreuves, devra encore subir le rejet total de sa fille, la maladie d'Alzheimer (j’ai oublié comment ça s’écrit – blague) de son compagnon rencontré sur le tard, bref, une vraie vie de merde qui ne donne guère foi en l'humanité.
Le récit, à la Corsini, est soigneusement retracé, les décors et costumes, historiquement, sobrement reconstitués, les acteurs correctement dirigés. Rien à dire si on ne cherche pas une pointe de style et d'originalité. Il n'en reste pas moins que la vie de cette mère, que ces relations (difficiles puis finalement apaisées) mère-fille, pèsent sur un spectateur un peu abasourdi par cet enchaînement de "désillusions", de trahisons. Pour enfoncer le clou, Chantal Angot, jeune femme, y va, vers la fin, de sa petite analyse psychologique et sociétale : mère, ce type, n'a eu de cesse de vouloir t'écraser, socialement, socialement et socialement ; quand ce type n'avait plus de prise sur toi, il s'est servi de moi pour te fracasser, t'enfoncer. On se fait tout petit sur son siège en tant qu'homme devant ce portrait à charge guère reluisant d'un mâle (Niels Schneider assez bon dans ses ambiguïtés) malin, mâtin, effrayant, ignoble. On comprend qu'Angot (qui évoque par le menu, vous me dites si je me trompe, sa propre vie et toutes les saloperies dont elle fut victime) puisse avoir une petite défiance envers les hommes. Un film chargé (émotionnellement), un peu trop lourd, voire, finalement. Mais honnête.