Soutra du Diamant (Jingang Jing) (2012) de Bi Gan

Exploration en amont de l'œuvre de Bi Gan (deux longs-métrages fracassants, disons-le, et ce n'est pas que le sinophile qui parle) avec ce premier court-métrage. Un poète, un chanteur (en tout cas aspirant chanteur) dont on suit le parcours jusqu'à un mystérieux morceau de bois sculpté censé renfermer un diamant (d'après ce que j'ai compris, hein...). Et au milieu, coule une rivière, et un meurtre (le chanteur vivant apparemment, comme il l’avoue, de petits expédients). En voix off, un poème dont on capte plus le rythme et le côté "panthéiste" (j'ose) que le fond. Une balade au fin fond de la Chine en présence de deux curieux individus en quête d'un trésor... ou plus simplement d'un sens à leur vie (non, c'est trop), ou tout simplement d'un petit magot pour rêver...

On en dira (et saura) guère plus sur le fond… on se concentre finalement surtout sur ces images de deux hommes déambulant, et sur l'atmosphère un peu planante de cette œuvre : un chant bouddhiste en fond (ou un Chinois chantant Frère Jacques à l'envers, je ne suis pas spécialiste non plus) qui apporte la petite touche vibrante ; et ce poème un rien abscons en renfort. Sens du mouvement (en voiture, en barque), sens du mystère, sens du cadre, on se laisse porter devant ce court récit où l'un des deux individus principaux, cynique et goguenard face à ce témoin plus taiseux, dévoile ses crimes et ses aspirations. Un « ton », dirais-je, déjà, à l'image de ce plan poétique filmé au travers d'une toile d'araignée, mais un peu trop facile à dire a posteriori. Joli premier essai, quoiqu'il en soit, pour un aspirant cinéaste.