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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
29 janvier 2019

Benda Bilili ! (2010) de Renaud Barret & Florent de La Tullaye

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Vous ne pouvez pas dire que vous ne voyagez pas sur Shangols : après un petit tour au Venezuela, nous voici en République Démocratique du Congo, à Kinshasa plus précisément, une ville qui se distingue quelque peu par son niveau de pauvreté. Imaginez un peu : vous êtes handicapés, vous n'avez pas un cale et en plus vous êtes musicien des rues (Gols décroche illico) ! En gros, vous n'avez plus qu'à vous ronger les sangs en attendant la mort. Eh bien non, au contraire, car tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir et tant qu'il y a de l'espoir il y a un avenir. Nos musicos sur leur tricycle de fortune et leur instrument en peau de chamois, ou de chagrin, se relèvent les manches et se mettent à y croire dès lors que les deux réalisateurs (sans plus guère de sou) misent sur eux : on va faire des répètes avec des gars sérieux et doués (dont un ptit jeune qui joue des solos mirifiques avec une boite de conserve, un bout de bois et UNE corde), enregistrer un album (parfaitement) puis faire une tournée en France et même dans le monde... Ouais, bien sûr, et mon père est garagiste. Eh bien oui, mon père est garagiste et il ne faut jamais cesser d'y croire. Nos bons vieux sortent des compos qui fleurent bon la rue, sont pugnaces à la tâche (une ptite bière ici ou là ou un pétard n'a jamais tué son homme quand il met du cœur à l'ouvrage), sortent un album (pas en un jour, hein, il leur faut bien quatre ans, Kinshasa est bien pire que Rome) et vont aux Eurockéennes pour y connaître un triomphe. Un moment de grâce qui renvoie Freddy Mercury dans ses cordes. Sur scène tout le monde s'agite, l’un d’eux quitte même parfois son fauteuil pour se lancer dans une danse qui doit tout semble-t-il aux personnages de Tod Browning, notre joueur de bidule à une corde fout sa honte à Jimmy Hendrix, bref un véritable conte de fée, du caniveau au haut niveau, pour ne pas dire à la consécration. Parfait.

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Nos deux cinéastes ne trichent en rien pour montrer la vraie vie de nos musiciens, de leur galère rugueuse (le centre pour handicapés qui brûle) au formidable élan de solidarité quotidien (les jeunes qui poussent parfois nos gars dans la rue - en échange d'une miette de pain), on perçoit toute la difficulté de la vie à Kinshasa, la violence des rues, la pauvreté crasse, ou encore les tensions dues aux élections (quoique traiter simplement en fond d'écran). L'aspect le plus cool de la chose c'est que l'on sent un regard sans jugement, simple, direct, sincère, à "hauteur d'homme" (assis), de nos deux compères cinéastes. Le destin de nos musicos en fauteuil paraît presque irréel mais ce que l'on retiendra surtout c'est ce moment d'éclate total où le staff Benda Bilili (« au-delà des apparences », si jamais vous ne connaissez pas le lingala) rencontre un public européens sous le choc (tant d'énergie et de dynamisme chez nos compères qui ne s'épargnent pas sur scène - vous voyez Etienne Daho en live ? eh bien, exactement l'inverse). L'histoire la plus touchante (eh ouais, on a encore un cœur) est sûrement celle de Roger, le jeune avec son instrument monocorde. On voit le gamin grandir à vue d'oeil et ses solos monocordes finiraient presque à vous arracher une larme (ou une oreille si vous êtes sans âme). Un doc comme on dit chez nous qui roule et qui, sans jamais tomber dans la bienveillance quelconque, raconte une tranche de vie pleine de petites vibrations humaines - c'est déjà bien. Un bien joli voyage en terre peu connue.

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