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28 janvier 2019

Oriana (1985) de Fina Torres

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Voilà une caméra d'or vénézuélienne qui vaut le détour de par son atmosphère envoutante (quoique un peu pesante parfois) et ce mystère, ces mystères qui planent tout du long sur le récit, sur les récits... Alors même que le film est quasiment muet, que les événements sont rares, il y a tout un monde qui nous reste obscure et ce jusqu'aux dernières minutes du film où cette longue rêverie se permet enfin de livrer tous ces secrets (secrets qui étaient là tout du long sous nos yeux mais qu'on avait autant de mal à déchiffrer que l'héroïne, Maria). Le petit tour de force d'Oriana est d'arriver à mêler tout en douceur trois trames narratives : il y a tout d'abord celle, "au présent", où l'on suit les traces de Maria qui revient sur le domaine de sa tante Oriana récemment décédée. Une petite visite sur son passé avec la volonté de vendre ce domaine qui tombe en ruines. Chemin faisant Maria se remémore son adolescence en ces lieux et ses relations relativement complices avec sa tante et celle plus tendue avec la servante revêche, une certaine Fidelia. L'histoire de Maria ado, qui tentait alors tant bien que mal de percer le passé de sa tante, devient le fil rouge du film avant de laisser progressivement sa place au troisième plan de narration : l'enfance même d'Oriana, ses relations tendues avec son père et son flirt avec l'un des gamins du domaine. On ne cesse d'aller et venir entre Oriana ado et Maria ado et les deux histoires semblent parfois presque se confondre, les deux jeunes filles ayant une façon relativement similaire de s'habiller. Les frontières deviennent assez floues comme si la Maria adulte, devenu toute rêveuse devant les lieux de son enfance, entremêlait ses propres souvenirs et ceux d'Oriana, comme si elle était capable en remontant le fil de sa jeunesse, de démêler ceux emmêlés de la jeunesse d'Oriana... Plusieurs twists surviennent dans le dernier quart d'heure (pas de spoiler, je vous promets) comme pour venir soudainement illuminer cette longue et obscure rêverie.

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Oui, je vous l'accorde, il faut être dans le mood d'un dimanche aprèm paisible pour pleinement apprécier la chose. On aime ces films qui vont revivre le temps d'un été, le temps d'une adolescence passée et on est plutôt gâté ici puisqu'on revit à la fois la jeunesse de Maria et celle d'Oriana. Des aprèms de flemme à se languir, à tenter d'explorer des endroits interdits, des armoires, des boites secrètes (en ce qui concerne Maria), des journées de violence (les rapports avec son père) ou plus alanguies (le flirt avec le gamin du domaine) (en ce qui concerne Maria). On passe d'instants relativement paisibles (les balades de Maria en bord de mer) à des instants beaucoup plus tendus (les colères du père envers Oriana), de moments sexuellement tendus (le gamin qui se balance sur son rocking-chair face à Oriana sur sa balançoire : rarement scène d'amour à distance ne fut plus explicite) à des instants beaucoup plus tragiques (pas de spoiler j'ai dit, la résolution faisant partie intégrante du charme de l'ensemble... et du trouble que l'on ressent sur la toute fin). Torres, tout en semblant nous en dire le minimum, n'en oublie pas moins de rendre chaque séquence, à l'éclairage du final, parfaitement signifiante. Les réactions toujours tendues de la servante, les nombreux endroits de la maison qui semblent avoir été volontairement abandonnés du temps de Maria ado, les silences d'Oriana adulte, tout ajoute une bonne dose de mystère à ces étés vécus dans une certaine torpeur. Un petit peu longuet sans doute pour ne pas dire plombant mais un film qui finit par dégager un charme indiscutable. Goutez aux mystères vaporeux et sensuels du Vénézuela (ceci n'étant pas une pub pour le café).

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