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7 janvier 2019

The Rider (2018) de Chloé Zhao

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Toujours dit que le rodéo était plus dangereux que le tennis de table. Une fois le thème lancé, on pourrait reconnaître beaucoup de tenue, de retenue (presque trop ?) dans cet anti-western où les héros ont plus des allures de morts-vivants que de Marlboro men. C'est une sorte de clone de Renaud cassé (et jeune) qui tient le film sur ces épaules ; Brady (qui joue sa propre histoire en un sens) est un ancien petit champion de rodéo victime d'une lourde chute ; il ne se retrouve point, comme son bon vieux pote, sur une chaise roulante à ne pas pouvoir retenir sa bave mais le fait est : les dommages physiques sont irréversibles. Brand a écopé d'un traumatisme crânien (aux allures de boîte de conserve ouverte) qui rend toute future chute fatale et d'une fâcheuse tendance à ne pouvoir parfois contrôler sa main droite. Bref, le cow-boy a un genou à terre, ainsi que ses rêves, ses espoirs, sa raison de vivre, son avenir - une paille, quoi. Si Brady n'a pas un moral d'acier, il est entouré de tout un petit monde guère plus valeureux : en plus de son poteau à l'hôpital, il y a son père qui semble avoir autant la bourre qu'un lapin mort (sa mère, elle, est enterrée depuis un bail), il y a sa soeur, qui tente de surmonter une légère déficience mentale, et il y a même son putain de cheval qui se blesse... Un épisode qui prend tout son sens, puisque, une fois le cheval abattu, notre ami Brandy fait tourner dans sa tête non plus son lasso mais cette terrible rengaine : on achève bien les chevaux, pourquoi pas les humains ? Quand on pense à Francis Lalanne en gilet jaune, son questionnement prend absolument tout son sens.

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Le film n'est point particulièrement misérabiliste, juste rêche, âpre, sans nerf ; les petites mines de ce pauvre Brady dépité jure avec ces chevaux fougueux qu'il continue de fréquenter et ces grands espaces avec des couchers de soleil en cinémascope après la lettre. Brady, il faut bien vivre, se retrouve dans un petit supermarché à la con pour gagner son pécule alors même qu'il a encore dans la tête (outre ses agrafes) des rêves de vent dans les cheveux tel un surfeur sur terre (tu la sens l'avoine, tu la sens ?). Pas misérabiliste disais-je, mais un peu easily tristoune avec quelques longues plages musicales à la Desplat qui tentent de traduire à quel point notre héros est dépité, a les antérieurs coupés. Zhao a la bonne idée de ne pas tomber dans le film noir c'est noir, ni dans le happy end sportif à la con et sait se recentrer sur le final sur des conceptions humaines certes basiques mais chaleureuses. Un film qui sent bon l'écurie à l'ancienne avec des cow-boys non pas morts du cancer mais totalement brisés de l'intérieur. Le western est mort mais il faut bien lui survivre. Beau tout petit film sur le thème.

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Welcome to New West

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