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20 décembre 2018

Fahrenheit 11/9 (2018) de Michael Moore

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Revoilà le gars Michael Moore qui joue subtilement sur l’un de ses anciens titres les plus célèbres (l’époque de la gloire et de la considération…) pour faire référence ici à l'élection de Trump. Plus de deux heures durant notre trublion américain va tenter de détruire Trump sans négliger d'écorcher au passage les Démocrates (pas forcément pour rien pour l'accession au pouvoir de l'autre andouille) et va tenter comme d'hab de gagner le soutien de son auditoire pour enfoncer le clou de son credo : il faut se mobiliser pour faire changer les choses !

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Le moins qu'on puisse dire c'est qu'on retrouve tous les petits charmes de Moore et ses gros défauts ; si l'on sent qu'il est toujours convaincu d'être du côté des plus faibles, si l'on sent que le gars, avec un certain sens du montage et de la voix off, tente encore et toujours d'être le plus pédagogique possible, si l'on sent un peu de vibrato dans sa voix quand il rencontre des gens "concernés" prêts à tout pour faire bouger les lignes, il emploie quand même souvent des méthodes de mammouth - qui ont d’ailleurs un peu fait leur temps. Oui, on ne dit pas que la plupart des points qu'il soulève ne sont pas scandaleux (les méthodes de Trump, le jeu de certains médias, le scandale de l'eau empoisonnée à Flint, la prolifération des armes, le mal-être des enseignants...) mais il se noie un peu lui-même dans sa façon de traiter des problèmes. Non seulement le gars propose des procédés on ne peut plus litigieux (les sous-entendus incestueux entre Trump et sa fille (est-ce vraiment nécessaire pour juger des idées du type ?) ou sa comparaison un peu caricaturale (...) entre Hitler et Trump (avec des raccourcis et une liste de points communs parfois un peu idiots - "les Allemands (sous-entendus comme les Américains aujourd'hui) étaient dans les années 30 de grands cinéastes" ; ah, super)). On connaît sinon le style marabout-bout-de-ficelle du gars avec des parenthèses dans les parenthèses dans les parenthèses pour au final pouvoir lâcher un "voyez tous ces exemples, j'ai raison", sauf que parfois il fait des ponts pour ne pas dire des aqueducs entre différents combats (l'empoisonnement de l'eau, les revendications salariales et la tuerie de masse) et cela enlève un peu de crédibilité à sa prétendue démonstration : il met tout cela dans un même sac dans le seul but de démontrer un truc : uni, on peut gagner (ou pas d’ailleurs) ! Ouais, mais chaque problème a un contexte et des circonstances pour le moins particuliers – là, on touche souvent au gloubiboulga d’images et de mots.

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Ses "sauts de mouton" d'une idée à l'autre sont systématiques et gènent un peu le propos ; on sent que Moore veut tout dire de ce qu'il a sur le cœur en rassemblant tous les petits trucs gênants qu'il a pu trouver en dix ans ; mais cela est trop disparate pour être vraiment efficace ; il reprend de vieilles recettes (Michael Moore himself allant voir des responsables du gouvernement pour leur demander des comptes, utilisation de musiques putassières, réutilisation d'images fortes pour combler la faiblesse de ses propos...) et même si on aurait envie au final de lui taper sur l'épaule (ouais, Michael, tous des chiens, putain, ces responsables, achète un gilet jaune, tiens, il y a en plus des promos actuellement), on sent bien que son "cinéma" et ses propos virent à un simplisme un peu facile (même si les cas présentés sont édifiants - deux secondes suffiraient pour le démontrer : Michael semble plus s'amuser à chiader son montage qu'à vouloir finalement véritablement agir). Un film qui se voudrait brûlant mais qui, une nouvelle fois, sort du four un peu tiède.

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