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18 décembre 2018

La Mort de Staline (The Death of Stalin) (2018) de Armando Iannucci

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Il n'était pas dit d'avance qu'un jour Beria ou Khrouchtchev me ferait marrer. C'était toute la gageure de ce film de Iannucci : parvenir à traiter de cette période pour le moins sombre de l'Union soviétique (je ne vois que des périodes sombres, cela dit) sur le ton humoristique. Humour noir, d'ailleurs, car les personnes assassinées par simple caprice de Staline et de Beria sont légion ; tout repose, ici,  sur les épaules des acteurs (Steve Buscemi, Simon Russell Beale, Michael Palin - pas des rigolos) et sur ces dialogues qui ne cessent de fuser (tout comme dans le précédent film politique de Iannucci, d'ailleurs, In the Loop). Ici, ce qui fascine et fait le plus halluciné  face à cette course au pouvoir (à la mort de Staline, Beria et Khrouchtchev en particulier se tirent la bourre pour hériter du trône), c'est à la fois le côté cours d'école de ces responsables staliniens (tout le monde se chicane, et c'est celui qui sortira la plus grosse vanne, qui aura la meilleure répartie, qui se verra considérer comme le caïd de la récré) et cet aspect terriblement hargneux et hypocrite qu'ils ont les uns envers les autres ; comme aux échecs, il faut toujours avoir des coups d'avance pour ne pas se faire laminer - et le laminage est souvent de taille puisqu'il consiste généralement à se prendre dans la foulée une bastos dans la tête. Da.

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Iannucci, dès le départ, démontre tout le côté grotesque, absurde de cette mise en scène stalinienne (il faut être d'accord avec le chef et, si possible le faire marrer sans faire d'impair) et l'aspect absolument terrifiant de ce régime (Beria s'amusant à sacrifier des vies souvent pour le fun...). On a le cul entre deux chaises devant ce rire jaune constant et ce sang qui coule gratuitement ; position pour le moins inconfortable, a priori, mais qui reste totalement supportable tant Iannucci parvient à trouver un fin dosage entre humour à froid et assassinat de sang-froid. C'est un véritable jeu qui se joue entre tous ces personnages, un jeu de pouvoir, un jeu mortel : malheur au perdant. Pour ne pas chuter, il faut savoir s'allier : en faisant pression (j'ai un dossier sur toi) ou en sympathisant (ton ennemi est mon ennemi) ; le ventripotent Beria semble avoir un temps d'avance sur tous ses adversaires : homme de poigne sans foi ni loi, il tient tout le monde par les coucougnètes. Face à lui, le beau parleur Khrouchtchev fait un peu pâle figure ; mais cette langue de pute possède une stratégie un peu plus terre-à-terre et sait jouer des colères et des coups de sang de son adversaire. Un combat de mots, de fins stratèges, un combat de gladiateur dans les sphères du pouvoir. Iannucci a le sens du rythme, de la direction d'acteurs et ne tombe jamais dans la reconstitution à tout crin (quelques scènes spectaculaires suffisent à donner le ton) ; on prend un vrai plaisir à suivre ces joutes oratoires entre des acteurs qui se donnent à fond. C'est certes un peu bavard mais aussi terriblement anxiogène, chaque discussion pouvant sauver ou perdre un homme. On pourrait reprocher un petit côté parfois un peu trop "théâtral", mais on ne fera pas la fine bouche devant cette comédie historique (comme on ne sait plus en faire en France) joliment écrite et interprétée. Da da.

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