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13 décembre 2018

The Eye of Istanbul (2015) de Binnur Karaevli, Fatih Kaymak

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Un petit tour du côté de l'art photographique et de la Turquie ? Allez tiens, cela ne peut pas faire de mal. Nous voici donc devant the monument de la photographie turc, en la personne de ce drôle d'oiseau d'Ara Güler (qui nous a quittés il y a tout juste deux mois à l'âge de 90 printemps). A l'occasion d'une rétrospective de ses œuvres, cet homme aux idées bien tranchées - un homme qui ne se laisse pas prendre pour un étourneau tombé du nid ("- Vous vous souvenez de cette photo ?", lui demande un rien naïf le journaliste. "- Vous pensez que je suis stupide ?", lui répond tout voûté mais avec l'esprit clair et le verbe haut notre Ara) - revient en quelques phrases sur sa carrière ; d'autres photographes (notamment de l'agence Magnum pour laquelle il a longtemps bossé) disent tout le bien qu'ils pensent de notre tête de Turc qui fit carrière à l'international. Connu surtout pour sa façon de photographier des êtres humains au boulot ou dans la vie de tous les jours (des photos, comme il dit, qui racontent des histoires), Ara fait preuve d'un sens du cadre et de la mise en scène implacable (sa formation théâtrale lui a donné la base de la mise en perspective du "spectacle visuel"), sachant comme tout grand photographe se faire oublier au moment fatidique du clic. Des hommes et des femmes qui taffent mais aussi des vues saisissantes sur l'Istanbul des années 50 et 60, des photos de guerre, des photos rendant hommage à des œuvres architecturales, des photos people (bonus track spécial Gols avec cette photo du Bouddha Hitch - Dali, ou encore Picasso se laissèrent approcher par le maître).

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Des photos généralement en noir et blanc qui montrent des êtres comme pris sur le vif, avec des tronches ou des mimiques inoubliables souvent, mais surtout des photos qui sont prises avec le souci du contexte, donnant tout son importance à l'arrière-plan (« cette photo ne vaudrait rien, nous apprend Ara, s'il n'y avait pas la fumée noire au fond » - en effet, cette fumée semble traduire à la perfection les idées noires de l'homme au premier plan sur la droite... enfin, à mes yeux, pour ne pas dire, à mon œil). Oui, Ara, est connu pour son sens du perfectionnisme, pour cette capacité à attendre le temps qu'il faut pour que deux femmes se mettent exactement dans la position qu'il attendait, pour attendre qu'un chat sorte de son trou pour faire sortir au bon moment le petit oiseau. Des photos dont on sent tout le côté "naturel" (des "morceaux d'histoire", d'une époque, sans qu'il soit besoin d'ajouter des commentaires) et sur lesquelles l'on sent toujours la maîtrise totale du photographe. Le reportage nous montre un homme sans aucun doute un peu bougon, confiant en sa capacité et qui n'a besoin que de peu de mots pour définir ce qu'il ressent ou pour évoquer son art. Belle découverte que celle de cet Oeil d'Istanbul, de cet homme au seuil de la mort ("j'ai voyagé partout à travers le monde, il ne me reste plus qu'à connaître l'enfer") mais au regard toujours violemment acéré.

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