Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
9 décembre 2018

Vidéodrome (Videodrome) (1983) de David Cronenberg

vlcsnap-2018-12-09-12h47m42s195

Il y a toujours un petit côté fascinant chez Cronenberg (celui de cette époque en particulier) avec cette volonté de faire cohabiter réflexion (télévisuel, puissance des images) et effets spéciaux (plus ou moins rigolos et gore, mêlant de façon visqueuse chair et objet). Max (James Woods, un prénom qui lui colle à la peau, n'est-ce pas Sergio ?) est un producteur de télé racoleur (Cyril ne collait pas encore) : violence, sexe et sensations fortes, voilà le genre de programmes qu'il propose. Toujours à la recherche de la perle rare (les porno soft asiatique, c'est bien gentil, mais l'époque n'est plus à ce genre de produit ramollo), il découvre via le câble (from Malaysia ! ohoh) une émission qui lorgne vers le snuff movie et où des personnes sont torturées et abusées sexuellement - une prod pas chère : parfait... Seulement voilà, à force de voir ces images, notre ami va mettre le doigt dans un engrenage pour le moins bizarroïde : hallucinations, rencontres dangereuses, visions de plus en plus masochistes et mortifères... Il semblerait bien que le cerveau de notre homme soit gangréné et sa rencontre avec le manipulateur Barry Convex (!) ne va pas arranger les choses : se glissant dans un genre de "casque-cerveau", il va pénétrer dans un autre monde où les hallucinations vont se faire de plus en plus prégnantes... Ce nouvel homme "imagé", "imaginé" (?), virtuel (!) va passer de l'autre côté du tube jusqu'à sa destruction "programmée".

vlcsnap-2018-12-09-12h48m24s270

vlcsnap-2018-12-09-12h49m14s120

Il y a toujours ce mélange chez Cronenberg de vision (avant-gardiste) et d'effets visuels "manuels" un peu datés mais qui font encore leur petit effet. Woods ne va pas se perdre dans le bois mais dans cette matrice d'images auto-destructrices : toujours plus d'images de violence, toujours plus de visions, toujours plus de violence, toujours plus de danger... On est déjà dans la critique de la télé poubelle avant la lettre mais aussi dans celle de cette société qui veut toujours aller plus loin dans la perversion, l'émotion-choc... Woods se projette dans un monde qui lui échappe jusqu'à être au centre de l'arène télévisuel, jusqu'à se perdre entre réalité et virtualité. Il y a aussi, en passant, cette bien jolie idée de la "mission cathodique" où les pauvres gens peuvent avoir leur petite dose de télé de daube (cela s'appelle C8 aujourd'hui, c'est gratuit, et on reste dans la religion de la connerie). Woods, simple producteur, va finir par se prendre à son propre jeu et devenir le "héros" de cette recherche inlassable d'émotions fortes cathodiques à bas coût. Il devient d'abord un homme magnétoscope (c'est l'époque qui veut ça) avec sa très belle ouverture ventrale en forme de vagin puis un véritable homme-machine de guerre avec ce flingue qui ne fait qu'un avec son poing (petit clin d'oeil à The Blob ? Possible). Woods perd complétement les pédales dans ce labyrinthe virtuel, incapable dorénavant de faire la part chose entre ce qu'il voit et ce qu'il veut, se perdant totalement dans cette télé-réalité-poubelle. Un joli petit film précurseur du maître canadien qui garde encore tout son jus.

vlcsnap-2018-12-09-12h49m57s633

Commentaires
Derniers commentaires