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9 décembre 2018

LIVRE : Forêt obscure (Forest dark) de Nicole Krauss - 2018

CVT_Foret-obscure_3157Voilà un livre qui traite de ce qu'on pourrait appeler « les virages pris dans une vie », pour ne pas dire les métamorphoses. Tout commence sous forme d'un récit qui n'est pas sans rappeler une histoire qu’aurait pu troussée un certain Saul Bellow puisqu'il est question d'un homme puissant, riche, un certain Epstein, qui décide, du jour au lendemain, de bazarder petit à petit sa fortune et de changer de cap... Pour aller où ? Il ne le sait guère mais on suivra les questionnements de l'homme notamment auprès d'un rabbin avant qu’il décide de se lancer dans une mésaventure cinématographique en plein désert... Cette histoire pourrait-elle être ce que l'écrivaine, présente dès la seconde partie (les deux parties alternant), en panne d'inspiration, est finalement parvenue à écrire ? Peut-être, peut-être pas, toujours est-il que l'on suit parallèlement le cheminement d'icelle : elle quitte homme et enfants à New-York pour trouver l'inspiration à l'hôtel Hilton de Tel-Aviv... L'inspiration ne vient guère mais notre écrivaine fait la rencontre d'un homme qui lui conte une drôle d'histoire : Kafka, feignant sa mort, aurait trouvé refuge en Israël ; travaillant comme jardinier, il aurait continué d'écrire ; cet homme curieux serait en possession de manuscrits inédits de l'écrivain... Il propose à l'écrivaine de travailler sur une œuvre inachevée de Kafka (comme d’hab) ce qui va entraîner celle-ci dans une maison isolée en plein désert...

Deux récits pleins de questionnements ontologiques, deux trajectoires à la recherche d'un sentier qui bifurque... Epstein est victime de quelques histoires plus ou moins cocasses, se perd un peu au gré du vent avant de flasher sur une jeune femme qui le remettra un brin en selle ; l'écrivaine, en livrant avec une certaine sincérité ses réflexions du moment, se révèle être un personnage un peu plus "attachant" ; remettant en cause sa vie conjugale, ne cessant de se questionner sur son prochain ouvrage et de se confronter à la figure et à l'ombre de Kaflka, cette écrivaine en pleins doutes subit une sorte de métamorphose en profondeur. Il lui faudra, presque littéralement, connaître le fond du "trou" pour qu'elle puisse faire sa mue. Les deux récits nous perdent parfois un peu en chemin (normal, vu l'errance des deux caractères) ; heureusement que Krauss possède une certaine puissance d'évocation pour que certains passages permettent de laisser leur empreinte (ce fameux hôtel Hilton et son architecture guère accueillante, la retraite d'Epstein auprès du rabbin, le passage "entre la vie et la mort" de cette écrivaine lâchée au milieu de nulle part avec pour seule compagnie celle d'un chien) ; en "prolongeant" la vie de Kafka, Krauss réussit également à rendre « vivant » la vie, les œuvres, et « l’avenir » de cet écrivain mythique. Roman un peu touffu et déstabilisant mais d'où émergent quelques jolies ramures narratives.  

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